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En 1940, après l'armistice signé le 22 juin 1940, ce qu'il reste des services de l'État se réorganise après la débâcle. Dans les PTT comme dans tout le pays, l'Administration a pour souci durant toute la durée de l'occupation de gérer "au mieux" et de survivre aux pénuries de toute nature et à l'absence de l'état de droit ; situation encore plus précaire en zone occupée. La construction du réseau téléphonique est à l'arrêt, le parc de lignes téléphoniques stagne durant toute cette période. Tous les projets concrets sont stoppés. Le gouvernement de facto s'installe en zone dite libre à Vichy, reconnue pour héberger un parc d'hôtellerie important ainsi qu'un Centre Téléphonique de province parmi les plus perfectionnés du moment : un commutateur R6 Sans Enregistreur récemment mis en service depuis le 4 mai 1937.
L’acte dit loi de l'État français du 15 juillet 1940 portant création d'emplois de secrétaires généraux restructure le Secrétariat Général des Postes, Télégraphes, Téléphones. (Le Secrétariat Général des Postes & Télégraphes ayant été créé initialement par décrets des 5 et 6 septembre 1916).
Les nouveaux secrétaires généraux mis en place constituent les relais des Ministres. Ils sont pourvus de prérogatives élargies. M. Pierre Cathala, qui est avant tout un homme politique, est nommé secrétaire général des postes, télégraphes, téléphones, comme en témoigne l’acte dit arrêté C. M. du 27 juillet 1940 portant délégation de signature (Bulletin Officiel des PTT n°19 page 290 du 11 août 1940).
Quelques mois plus tard, M. Vincent Di Pace, Ingénieur en chef des postes, télégraphes, téléphones le remplace en tant que secrétaire général des postes, télégraphes, téléphones par l’acte dit décret de l'État français du 20 décembre 1940 (BO PTT n°1 page 2 du 10 janvier 1941), jusqu'au 24 août 1944.
Nota : M. Di Pace, né en 1895 à Bastia, est un homme de métier des PTT ; il n'est pas un idéologue.
Vincent Di Pace, un temps inquiété à la Libération d'atteintes à la sûreté de l'État à partir de Janvier 1945, bénéficiera d'un non-lieu de toute charge le 22 mai 1947, pour faits de résistance.
Vincent Di Pace © Photographie Roger-Viollet / Ville de Paris - Décembre 1940.
En 1941, l’acte dit loi de l'État français du 9 février 1941 (BO PTT n°6 du 28 février 1941) relative à l'organisation du secrétariat d’État aux communications (Secrétariat général des postes, télégraphes, téléphones) crée la Direction des Télécommunications : la Direction de l'Exploitation Téléphonique et la Direction de l'Exploitation Télégraphique (créées initialement en Août 1909, Bulletin Mensuel n°10 Août 1909 des P & T) sont regroupées au sein d'une même direction et le terme « télécommunications » apparaît officiellement dans l'organigramme administratif.
Ce terme est inventé par M. Édouard Estaunié qui, en 1903, publie chez Dunod le « Traité pratique de télécommunication électrique, télégraphie, téléphonie ». Premier Directeur de l'Exploitation Téléphonique jusqu'en 1911, également romancier, prix Femina en 1908 et membre de l'Académie Française élu le 15 novembre 1923.
Son premier Directeur des Télécommunications, M. Charles Lange, est nommé cette même année par acte dit décret du 9 février 1941 (par maintien sur le poste nouvellement transformé). Il restera en fonction jusqu'à son départ en retraite en 1951.
Auparavant, dans chaque bureau de poste de France, dans chaque département du pays, n’existe qu’un service du téléphone (dépendant de la Direction de l’Exploitation Téléphonique), qui n’est alors qu’une direction lambda sans marge d'autonomie parmi les autres directions de cette administration essentiellement postale.
Les bâtiments et leur gestion, y compris ceux abritant les installations de télécommunications, sont dans la foulée rattachés à la Direction de la Poste et des Bâtiments également créée, ce qui revient indirectement au maintien d’une sorte de droit de regard matériel, donc en partie financier, par la branche postale sur la branche des télécommunications.
Note : dès Janvier 1941, la situation du pays en état d'occupation, de désorganisation, de pénurie et de pillage systématique impose un rationnement drastique des huiles de graissage utilisées aux PTT dans les installations destinées à alimenter les bâtiments et les commutateurs automatiques Rotary 7A1.
En témoigne la note n° 4993 BM/M de la Direction des Services Téléphoniques de Paris en date du 29 janvier 1941 retrouvée par nos soins dans les décombres d'un vaste chantier en cours dans le Centre Téléphonique de Paris-Gobelins en Juillet 2016.
En 1942, même si l’acte dit loi de l'État français n°945 du 17 octobre 1942 relative à l'organisation du secrétariat d’État aux communications (Secrétariat général des postes, télégraphes, téléphones) sépare la Direction de la Poste en créant une nouvelle Direction des Bâtiment et des Transports, il n'en demeure pas moins que la gestion des bâtiments demeure toujours séparée de celle des télécommunications. Cette « tutelle indirecte » ne sera abolie qu’en 1971 par le décret n°71-609 (articles 1 et 9) du 20 juillet 1971 au terme de 30 années de rivalités et luttes intestines entre les branches jumelles des P & T.
Il en est de même pour la gestion du personnel qui est mise en œuvre par une Direction du Personnel qui n'est pas subordonnée à la Direction des Télécommunications. Cette tutelle prendra également fin en 1971.
À partir de l'année 1942, la France sous occupation allemande sombre un peu plus dans le noir : même les PTT n'échappent pas à la tyrannie venue d’outre-Rhin.
En 1943 et 1944, la situation se tendant de plus en plus, le Ministère de la Production Industrielle et des Communications (dont les PTT dépendent) fait régulièrement paraître dans la presse l'information relative au service téléphonique pendant les alertes aux bombardements :
L'intérêt pour le téléphone automatique, en temps de guerre, n'en apparaît que plus évident.
D'ailleurs, c'est en 1943 qu'est créée la fonction de Chef de Centre Téléphonique Automatique, par différenciation, désormais, de Chef de Centre Téléphonique Manuel.
À partir de Juin 1944 et du Débarquement des Alliés en Normandie, les appels à la résistance et aux sabotages de toute sorte se multiplient, y compris aux PTT, pour gêner et affaiblir le plus possible l'Occupant.
Ci-dessus : tract de la Résistance encourageant la population de saturer les lignes téléphoniques utilisées par l'occupant, pour entraver leur retraite.
Juillet 1944 - Coll. C. R-V.
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En 1945, à la Libération, en France, les dégâts sur les Télécommunications sont considérables.
La tâche de reconstruction est énorme : une réorganisation de grande ampleur doit être entreprise rapidement par les autorités. Les derniers travaux de remise en service d'urgence prendront fin en 1948.
Pour mesurer l'étendue des dégâts infligés au réseau national, nous vous proposons un rapport remarquable rédigé en 1957 par un cadre des Lignes à Grande Distance relatant les dommages de guerre subis durant l'occupation de notre pays.
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En 1946, le 14 janvier, la liberté du trafic téléphonique est rétablie sur l'ensemble de la France Métropolitaine.
La Direction Générale des Télécommunications est créée par Décret n°46-1016 du 10 mai 1946 du Gouvernement Provisoire de la République Française, relatif à l’organisation de l’administration centrale du ministère des Postes, Télégraphes, Téléphones (BO PTT n°14 du 20 mai 1946). M. Charles Lange (25 octobre 1889 - 23 septembre 1965) est alors maintenu en poste, son action de Résistant ayant pesé.
Le réseau téléphonique a besoin d'être reconstruit, mais le pays est ruiné par quatre années d'occupation et à la suite de la première réduction de crédits intervenue à partir de 1934, conséquence indirecte de la Grande Dépression de 1929 née aux États-Unis, et des résiliations massives d'abonnements par les abonnés ruinés (BO PTT 1932 n°12 p. 438. Décret du 12 mai 1932), le retard téléphonique français ne pourra plus être rattrapé avant une trentaine d'années, d’autant que le budget annexe des télécommunications, institué par la loi de finances du 30 juin 1923 articles 70 à 79, était utilisé en variable d’ajustement par les innombrables gouvernements de la IVe République qui se succédaient à une rythme parfois plus rapide que les saisons…
En effet, la IVème République va plonger pour une quinzaine d'années dans une série de troubles puis de guerres coûteuses dans toute l'Union Française. De ce fait, la nécessité d'améliorer le téléphone français, qui est déjà une évidence pour les Ministres des PTT, passera hélas en second plan. Le Pays entier est à reconstruire dans tous les domaines, mais l'argent manque... En 1952, la France n'est qu'au 28ème rang du classement des pays industrialisés en matière de téléphone.
Pour rappel, le statut de la Fonction Publique de l’État est voté par le Parlement le 19 octobre 1946.
Une délégation de M. le Ministre français des PTT reçue à l'usine L. M. Ericsson de Midsommarkransen (Suède), pour une visite d'une heure dans les laboratoires et les ateliers.
Photographie X - 5 février 1952 - Coll. C. R-V.
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En 1952, il est officiellement (et symboliquement) créé par Circulaire du 31 mai 1952, le titre de Directeur Régional des Télécommunications, en lieu et place de l'appellation Chef de Service Régional ; titre aligné sur celui de Directeur Régional des Postes préexistant. (BO PTT 1952, doc. 156 Cab 10)
Ci-contre :
Nouvelle identité visuelle des PTT à partir de 1953.
En 1953, est créé l'Ordre du Mérite postal. Les raisons de la création de cet ordre ministériel par le décret 53-1111 du 11 novembre 1953 pris en conseil des ministres par son Président M. Joseph Laniel sont expliquées dans l'exposé des motifs original reproduit ci-dessous :
En 1882, M. Adolphe Cochery, ministre des Postes et Télégraphes, instituait la Médaille d'honneur des Postes et Télégraphes, devenue, par la suite, Médaille d'honneur des Postes, Télégraphes et Téléphones. Cette décoration - de bronze ou d'argent - était, et est encore, destinée à récompenser les vieux serviteurs des Postes comptant de nombreuses années de services irréprochables. (décret du 22 mars 1882, J.O. du 24 mars, page 1604)
En 1913, la Médaille d'or était à son tour créée à l'intention des agents victimes, d'accidents graves survenus en service et ayant entraîné soit la mort, soit des blessures ou infirmités équivalentes à la perte de l'usage d'un membre. (décret du 1er décembre 1913, J.O. du 10 décembre, page 10639)
Actuellement, et en dehors de ces cas bien déterminés, le Ministre des Postes, Télégraphes et Téléphones se trouve sans possibilité de reconnaître, par l'octroi d'une distinction honorifique appropriée, le mérite de fonctionnaires qui se sont distingués par d'exceptionnelles qualités, par l'invention ou le perfectionnement d'appareils, par des améliorations remarquables apportées dans le fonctionnement des services, etc.
D'autre part, certaines personnes, sans appartenir aux cadres du Ministère, accordent à celui-ci, soit occasionnellement, soit d'une façon suivie et en tant que membres des divers conseils, commissions, conférences ou comités, un concours très apprécié qui appellerait bien souvent, en retour, un témoignage de reconnaissance.
Enfin, sur le plan international également, il s'avère hautement souhaitable de pouvoir conférer cette distinction aux ressortissants des offices étrangers qui entretiennent avec nos fonctionnaires des rapports particulièrement cordiaux et efficaces et, d'une façon plus générale, à toute personnalité étrangère qui, dans le domaine des postes ou des télécommunications, a soutenu les intérêts de la France ou servi sa cause et son prestige.
Officier
Commandeur
Chevalier
(source : encyclopédie des PTT 1957, éd. Rombaldi)
Nous remarquerons la couleur dominante jaune d'or du ruban accompagné de 4 fines bandes noires ; jaune d'or qui inspirera quelques années plus tard en 1960 le jaune postal des véhicules PTT qu’ils soient des Postes ou des Télécommunications (BO PTT 1960 doc 317 cab 17 page 65).
Chevalier
Officier
Commandeur
En 1954, sont créés par M. le Ministre des Postes, Télégraphes et Téléphones - Pierre Ferri, les Centres d'Abonnements et d'Entretien (CAE) par l'arrêté n° 417 du 5 mars 1954 (BO PTT 1954, 79 T 7 page 21).
Un bureau Centre d'Abonnements et d'Entretien est un bureau (Centre Téléphonique, Centre Télégraphique et Téléphonique, ou Recette) ayant la responsabilité dans un ressort territorial déterminé :
Il s'agit à cette époque d'une nouvelle étape visant à s'organiser de manière plus autonome, plus détachée de la branche postale sur l'ensemble du territoire national de manière plus déconcentrée.
En effet, avant la création des CAE, les télécommunications, (construction, exploitation, maintenance et activités commerciales), étaient rattachées aux Directions Départementales des Postes, et c'est ainsi qu'avant leur création, il fallait se rendre au guichet d'un bureau de poste pour souscrire à un abonnement téléphonique.
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Ci-contre : grand succès des années 1953-54 ; Téléphonez-moi, Chérie. (coll. personnelle de l'auteur.)
Notons le réalisme du cadran, de surcroît sis au centre de la partition : allégorie du téléphone alors au centre des préoccupations des français ?
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En 1959, le 24 août, par décret relatif à la composition du gouvernement, le titre de Ministre des Postes, Télégraphes, Téléphones devient Ministre des Postes et Télécommunications.
En 1960, par la note du 6 décembre (BO PTT 1960, 317 Cab 13 page 65), l'Administration des Postes et Télécommunications se dote de son propre logo, choisi parmi de nombreux projets présentés par des graphistes réputés.
Ci-dessus : logo de l'Administration des Postes et Télécommunications, tel qu'imprimé dans le Bulletin Officiel des PTT du 6 décembre 1960.
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Les années 1960 s'avéreront très compliquées pour le téléphone. Les temps changent et désormais même les gens "ordinaires" veulent aussi le téléphone chez eux, en plus de ceux qui l'ont depuis longtemps : les élites, les sociétés, les professions libérales et les gros commerçants.
Les listes d'attente s'allongent d'année en année. Bien que les ouvertures de nouveaux commutateurs téléphoniques s'enchaînent et s'accroissent à partir de l'arrivée des Commutateurs Crossbar, le rythme d'ouverture est très insuffisant du fait de l'explosion de la demande.
La France, au sortir de la seconde guerre mondiale et après la perte de l'Union Française enchaîne les plans d'austérité, ce dont l'Administration des PTT continuera à faire les frais, (ce qui est le cas depuis 1934).
Ainsi, la moitié de la France attend le téléphone, tandis que l'autre attend la tonalité.
Cette pénurie de moyens et de crédits entraînera la démission de M. le Directeur Général des Télécommunications - Jean Rouvière le 28 février 1957. Le fait que le Ministère des PTT retînt le système d'autocommutateurs CP400 pour la province et les grandes banlieues au lieu du système Pentaconta retenu uniquement pour la capitale et quelques grandes villes (de bien meilleure capacité d'écoulement) pour une question d'argent sera pour lui la goutte de trop, et n'aura pas voulu se retrouver responsable du marasme annoncé...
M. Michel Maurice-Bokanowski entre le 5 février 1960 et le 14 février 1962 puis M. Jacques Marette entre le 15 avril 1962 et le 1er avril 1967 incarneront, bien malgré eux, le rôle ingrat des Ministres des P et T emblématiques de la pénurie. Ils seront contraints de faire patienter la population en promettant de nouvelles réalisations au plus tôt possible...
À cette époque là, M. le Directeur Général des Télécommunications - Raymond Croze qui a pris la suite à la DGT, fait ce qu'il peut avec le peu de crédits qui lui sont accordés par le Ministère de tutelle. Les crédits sont tellement limités qu'il supervise personnellement chaque dossier de création et même d'extension de tous les autocommutateurs de France, afin d'être certain qu'il n'y ait aucun loupé. Stratégie de pénurie qui comporte aussi ses revers : celui de déresponsabiliser les échelons régionaux et locaux dans l'extension du réseau téléphonique et d'engendrer une méfiance systémique et celui d'entraîner certaines incohérences dans la chronologie des chantiers à mener. Ces travers ne permettant pas, outre le manque de crédits et de moyens, de sortir de la pénurie, mais tout au plus de la gérer au juger...
Ci-dessus, de g-à-d : M. le Ministre des Postes et Télécommunications - Michel Maurice-Bokanowski qui reçoit (ou remet) une médaille commémorative de (ou à) la personne au microphone.
Photographie PTT - 13 avril 1961 - Coll. C. R-V.
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Ci-contre : M. le Ministre des P et T - Jacques Marette, en conférence de presse au 20, avenue de Ségur, présente le programme des réalisations prévues pour l'année suivante : notamment les 6 premiers Commutateurs Crossbar Pentaconta qui seront mis en service aux portes de Paris courant 1964.
Photographie X - 26 novembre 1963 - Coll. C. R-V.
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En 1967, M. Yves Guéna est nommé, le 6 avril, Ministre des Postes et Télécommunications, en remplacement de M. Jacques Marette connu (à tort) pour son intérêt parfois très relatif pour le téléphone : ce dernier étant connu pour avoir déclaré : « Le téléphone est un gadget ».
Avant cette prise de conscience, l'Administration des PTT est contrainte dès 1963, pour faire patienter les candidats abonnés au téléphone, de distribuer la petite brochure intitulée : "Vous attendez le téléphone. Pourquoi ?"
M. Yves Guéna bien conscient du retard colossal en matière de téléphone, est à l'origine de la création de la Caisse Nationale des Télécommunications (CNT) le 3 octobre 1967 afin de pouvoir rassembler des capitaux sur les marchés obligataires nationaux et internationaux.
Publicité 1975 Caisse Nationale des Télécommunications
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Plutôt que faire du saupoudrage sur le territoire métropolitain, M. le Ministre décide avec l'aide de M. l’Ingénieur des Télécommunications - Gérard Théry (alors fraîchement nommé Directeur du SPEE) de deux opérations pilotes localisées :
Ci-dessus : maquette du Centre Téléphonique d'Oyonnax nécessaire au désenclavement de cette zone montagneuse.
Photographie PTT - 1968 - Coll. C. R-V.
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En 1968, M. Pierre Marzin, précédent Directeur du CNET fraîchement nommé Directeur Général des Télécommunications le 21 décembre 1967, impulse une restructuration d'importance, en bataillant jusqu'en Janvier 1971 pour obtenir le rattachement de l'ensemble du personnel des télécommunications aux Directions Régionales des Télécommunications. Une nombreuse partie des personnels d'exécution (notamment des lignes téléphoniques aériennes) était jusqu'alors encore rattachée aux Directeurs Départementaux des PTT (autrement dit, certains télécommunicants étaient jusqu'à cette date placés sous le contrôle hiérarchique de cadres postiers qui étaient très éloignés des préoccupations de la technique téléphonique. Cette situation anachronique et contre-productive prend fin par le décret n° 71-48 du 6 janvier 1971).
En 1969, à l'élection à la Présidence de la République de M. Georges Pompidou, le VIe plan quinquennal (1971-1975) est décidé. Il a pour objectif de mener à la fin du retard français par l’octroi de financements accrus qui permettront la construction de nouveaux projets d’infrastructures d’envergure des télécommunications.
Le 21 juillet 1969, M. le Ministre des Postes et Télécommunications - Robert Galley participe à l'émission télévisée de l'ORTF 1 - Face à Face, dans un débat animé par Pierre Charpy qui a pour objet la situation préoccupante du téléphone français. En direct, il met cartes sur table et énumère sans complaisance la situation et les tâches prioritaires à mener pour sortir le téléphone français de l'ornière, en promettant un «virage brutal».
Le 24 septembre 1969, M. le Ministre des Postes et Télécommunications - Robert Galley annonce, au cours d'une conférence de presse, que le téléphone français sera entièrement automatisé en 1976. À cette fin, il annonce que des sociétés de financement auxiliaires seront prochainement créées pour accélérer la mise en service de centres téléphoniques d'abonnés et de transit.
Ci-dessus : M. le Ministre des Postes et Télécommunications - Robert Galley présente en personne le plan prévu pour l'automatisation intégrale du téléphone français dont le terme est alors planifié pour 1976, par recours à de nouvelles sociétés de crédit-bail auxiliaires, au cours de sa conférence de presse.
Photographie Keystone - 24 septembre 1969 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : améliorations prévisionnelles possibles (en rouge) avec financements complémentaires entre 1970 et 1975.
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Dans la foulée, l'adoption de la loi n°69-1160 du 24 décembre 1969 autorise désormais la création de sociétés privées de financement par crédit-bail d'équipements de télécommunications pour le compte de l'Administration des P et T. Il s'agit d'une révolution dans les mentalités en créant des sociétés de financement qui viendront ajouter leur écot au budget de l'État pour accélérer le développement du téléphone en France.
En 1970, le 26 février, est créée la première société de financement par crédit-bail FINEXTEL. (Société Financière pour l'Expansion des Télécommunications), et ce nonobstant les oppositions de Bercy qui appréciait peu de voir la perte de leur monopole et leur droit de vie ou de mort sur les investissements de télécommunications dont la France avait cruellement besoin.
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En 1971, après le premier décret n° 71-48 du 6 janvier 1971 relatif à l’organisation régionale du service des lignes, le décret n° 71-609 du 20 juillet 1971 relatif à l’organisation de l’administration centrale du ministère des postes et télécommunications, puis le décret n° 71-610 supprimant le Secrétariat Général des Postes et Télécommunications initialement créé par l'acte dit loi de l'État français du 15 juillet 1940 portant création de secrétaires généraux, le gouvernement donne plus d'autonomie à la DGT dans la gestion des personnels vis à vis de la Direction Générale des Postes.
Grâce au décret n° 71-611 du 20 juillet 1971, la DGT se voit même désormais chargée directement de la formation de ses personnels fonctionnaires des catégories B, C et D (c'est-à-dire des non-cadres).
Cette autonomie s'accroît grâce au nouveau décret n° 71-712 du 30 août 1971 qui rattache à la DGT les derniers personnels des Télécommunications qui étaient encore placés sous le contrôle des Directeurs Départementaux des Postes.
La restructuration administrative ardemment souhaitée par M. Pierre Marzin est réalisée et il peut faire valoir ses droits à une retraite bien méritée. M. Louis-Joseph Libois est nommé Directeur Général des Télécommunications le 11 octobre 1971 par décret de M. le Ministre des Postes et Télécommunications - Robert Galley.
Nota : en Mai 1971 est remis à M. le Premier Ministre - Jacques Chaban-Delmas un rapport interministériel relatif à un projet de création d'un Office National des Postes et Télécommunications. Ce rapport ne sera jamais mis en application.
En 1972, La réorganisation se poursuit par le nouveau décret n° 72-203 du 9 mars 1972 qui étend à plusieurs autres départements français la réorganisation.
M. le Directeur Général des Télécommunications - Louis-Joseph Libois crée les Agences Commerciales des Télécommunications (ACTEL), le secteur commercial ayant été jusqu'à présent considéré comme le parent pauvre des télécommunications, totalement sous contrôle du technique alors.
Il s'agit là de la première véritable reconnaissance des métiers commerciaux dans les Télécommunications en France. C'est l'époque où l'abonné au téléphone devient progressivement un client. Une des conséquences sera peu après, via une Instruction en date du 16 janvier 1973, la reconnaissance de la fonction d'Agent Technico-Commercial, une véritable révolution dans l'Administration des Télécommunications.
Ci-dessus : Agence Commerciale des Télécommunications créée le 1er juillet 1972 (avec Téléboutique) de la ville de Vannes (56) - 15, Place de la République.
Photographie PTT - 1978/79 - Coll. C. R-V.
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Le 14 novembre 1972, le décret n°72-1042 du 14 novembre 1972 vient accroître l’autonomie des télécommunications débutée le 6 janvier 1971.
Le 26 décembre 1972, M. Louis-Joseph Libois édicte sa note véritablement refondatrice qui éclate les Centres d'Abonnements et d'Entretien (CAE) en deux nouvelles entités types : d'un côté les Agences Commerciales des Télécommunications (dont les 6 premières créations test sont déjà effectives au mois de janvier) et de l'autre les Centres Principaux d'Exploitation (CPE) regroupant au niveau local les métiers techniques.
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Nota : le 13 mars 1972, M. Louis-Joseph Libois décide par circulaire la création de la Collection Historique des Télécommunications des principaux matériels ayant été en service en France, pour sauvegarder le patrimoine technique du passé et sa mémoire. Elle sera installée initialement à Paris, dans le centre téléphonique de Murat. Actuellement, elle porte le nom de Collection Historique Orange et est située à Soisy-sous-Montmorency, dans le Val-d’Oise.
En 1973, en raison de la dégradation continue de l’état de santé de M. le Président de la République - Georges Pompidou, l’année téléphonique débute avec la tenue du Comité Interministériel du 25 janvier 1973 présidé par M. Pierre Messmer, Premier Ministre, en présence de M. Hubert Germain, Ministre des Postes et Télécommunications et de M. Valéry Giscard d’Estaing, Ministre de l’Économie et des Finances, qui marque alors un net accroissement des moyens accordés au téléphone français, pour accroître significativement les actions de développement ciblées sur un ensemble de points noirs à traiter dans la couverture téléphonique, que ce soit au niveau du raccordement de nouveaux abonnés (candidats-abonnés en instance alors supérieur au million) que des capacités de transit téléphonique (écoulement réel du trafic).
Administrativement, la Circulaire n°33 du 14 juin 1973 stabilise l'organisation modernisée des services des Télécommunications selon trois niveaux :
L'organisation locale en cellules est pérennisée :
Sont créées les trois premières Directions Opérationnelles et Techniques à titre expérimental, en tant qu'échelon déconcentré de leur Région des Télécommunications respective : Concernant la Région des Télécommunications de Marseille (PACA+Corse), deux DOT sont créées par arrêté du ministre des Postes et Télécommunications n° 1526 du 20 juin 1973 pour Nice, puis par arrêté ministériel n° 2677 du 18 octobre 1973 à Marseille-Littoral, ainsi qu'entre temps pour la Région des Télécommunications de Lyon est créée une DOT à Annecy par arrêté ministériel n° 1993 du 6 août 1973 pour les deux départements de Savoie et une partie de l'Ain. Ces DOT seront généralisées rapidement à toute la France.
Ces DOT se veulent alors plus près du terrain, en ne s'étendant que sur un ou quelques départements, à contrario des Directions Régionales jugées trop vastes et éloignées du terrain.
Nota : l'organisation DGT, DRT, DOT perdurera jusques au 31 décembre 1992.
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Ci-dessus : Le Téléphone prend des couleurs et se modernise. Présentation des nouveaux modèles au SICOB 1973 - Paris-La Défense (CNIT)
Photographies PTT - 21 septembre 1973 - Coll. C. R-V.
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En 1974, l'élaboration du VIIe plan quinquennal 1976-80 décidé par M. le Président de la République - Valéry Giscard d'Estaing dès son élection fait du téléphone la priorité des priorités.
«Ne découvrons pas trop tard une planète nouvelle», avait dit VGE, alors soucieux de la vraie modernité.
La situation du téléphone français est telle que M. le Président de la République décide, le 16 octobre 1974, de remanier la Direction Générale des Télécommunications en choisissant lui-même le nom du nouveau Directeur Général des Télécommunications, un homme jeune et énergique : il s'agit de M. Gérard Théry, dont les qualités d'organisateur ont été remarquées dès le désenclavement d'Oyonnax en 1969, et confirmées par son efficacité à la tête de la Direction des Télécommunications de Paris à partir du 13 juillet 1973, nonobstant une situation réputée inextricable.
Le Programme d'Action Prioritaire décidé pour une mise en place à partir de 1975 amorce la saga du Delta LP [Δ-LP], à laquelle les personnels de toute l'échelle hiérarchique seront honorés d'apporter leur contribution. Le Delta LP consiste à accroître de manière soutenue le parc de Lignes Principales (ce que l'on appellera le Plan Théry) tout en remontant la qualité de service.
Le même jour, le décret n°74-890 accroît encore les marges de manœuvres de la Direction Générale des Télécommunications acquises depuis 1971 pour permettre le développement de ce plan de rattrapage téléphonique massif.
Dès son accession aux responsabilités, M. le Directeur Général des Télécommunications - Gérard Théry est pleinement conscient que la priorité donnée massivement au plan de rattrapage téléphonique par M. le Président de la République - Valéry Giscard d'Estaing serait une période limitée dans le temps et qu'il fallait en profiter pour faire du téléphone français le plus moderne du monde, ce qui fut fait ; et accomplir un certain nombre de réalisations majeures que l'on ne pourrait plus accomplir par la suite, ce qui débouchera notamment au développement exceptionnel de la Télématique grand public et d'entreprise dans notre pays.
M. le Directeur Général des Télécommunications - Gérard Théry répétait souvent à son premier cercle : « C'est maintenant que nous devons construire nos cathédrales ». Ceci explique l'abondance extraordinaire du patrimoine immobilier à la veille de la privatisation de France Télécom en 1997.
Pour ce faire, M. le Directeur Général des Télécommunications revoit toute l'organisation que la DGT entretient avec les Directions Régionales des Télécommunications. Il décide désormais de cesser la politique du saucissonnage et du saupoudrage des crédits qui a cours depuis les années de pénuries d'après-guerre, et lui préfère une nouvelle organisation par Couple Objectifs-Moyens annuel, qui consiste à convenir chaque année entre la Direction Générale des Télécommunications et chaque Direction Régionale des Télécommunications d'un ensemble d'objectifs cohérents à réaliser au niveau local, en échange d'une enveloppe globale et conséquente de crédits entièrement à la main de la Direction Régionale des Télécommunications considérée, en faisant confiance aux échelons locaux à priori. De son côté, la Direction Générale des Télécommunications contrôle régulièrement au moyen de deux indicateurs chiffrés la progression globale par Direction Régionale des Télécommunications l'accroissement du parc d'abonnés (le Delta LP) et la qualité de service (IQS).
Les Directions Opérationnelles des Télécommunications (DOT) sont généralisées dans toute la France et demeurent sous la coupe des Directions Régionales des Télécommunications. Les DOT supervisent un, deux voire trois départements. Les établissements opérationnels sont organisés selon le schéma « CCL/ACTEL/CPE » qui va persister 23 ans. Il s'agit ici d'opérer une décentralisation rationnelle des télécommunications.
Ce schéma correspond à une vision du cycle de vie de la ligne téléphonique : création en CCL, vente en ACTEL, exploitation et service après-vente en CPE. Chacun de ces établissements inclut environ cent cinquante personnes. À ceci s'ajoutent des fonctions en back-office comme : les CRT (Centre de Renseignements des Télécommunications) qui sont les services des renseignements téléphoniques, les Centres Télégraphiques, les CFRT (Centre de Facturation et de Recouvrement des Télécommunications).
Nota : 12 Centres Principaux d'Exploitation de Paris intra-muros sont créés par l'arrêté n°4030 du 23 décembre 1975 (BO PTT 1975 document 420, rubrique T 70, page 501) par regroupement de centraux téléphoniques existants. En tout, le pays comptera au moins 310 CPE (année 1984).
En 1975, le 1er février : passation de pouvoirs entre M. Pierre Lelong et M. Aymar Achille-Fould qui devient nouveau Secrétaire d'État aux Postes et Télécommunications. En effet, la grande grève de 1974 a laissé des traces et le Pouvoir a préféré procéder au remplacement de M. Lelong qui avait déclaré lors d'une conférence de presse : « Travailler dans un centre de tri est, si j'ose dire, l'un des métiers les plus idiots qui soient. »
Son successeur ne demeurera qu'une petite année au 20, avenue de Ségur. Préfère démissionner en raison de rumeurs non-avérées de conflit d'intérêt pour les signatures de marchés à venir.
Ci-dessus : passation de pouvoir détendue entre MM. Lelong et Achille-Fould.
Photographie PTT - 1er février 1975 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : inauguration du Commutateur téléphonique CP100 Magny-en-Vexin (PX546), prélude à l'automatisation imminente de la Région parisienne.
Photographies PTT - 27 mars 1975 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : M. le Directeur Général des Télécommunications - Gérard Théry (mains croisées), en visite le 29 octobre 1975 dans le Centre Téléphonique de Versailles (Hôtel des Postes), accompagné de M. le Directeur de la Production - Yves Fargette. (Jour de mise en service du Commutateur Pentaconta 2080 TIT Versailles A2 PC2 (WE02)).
Photographie PTT - 29 octobre 1975 - Coll. C. R-V.
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En 1976, à partir du 1er janvier, l’oiseau bleu postal créé en 1960 par l’affichiste M. Guy Georget s’efface en ce qui concerne la branche des télécommunications et ainsi naît la première identité visuelle distincte de la branche postale, en bleu roi légèrement pastel, accolé au téléphone à cadran.
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Ci-dessus : M. le Secrétaire d'État aux Postes et Télécommunications - Aymar Achille-Fould présente, en conférence de presse à Paris, les chiffres du téléphone français pour l'année 1975 révolue.
Photographie Uzan - 8 janvier 1976 - Coll. C. R-V.
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Le 12 janvier 1976, M. Norbert Ségard devient Secrétaire d’État autonome aux Postes et Télécommunications. De par son action et sa force de travail colossale qui lui est toute personnelle, il incarnera en tant qu'homme politique, les années les plus dynamiques du rattrapage téléphonique de notre pays.
« Même s'il ne fut que Secrétaire d’État aux Postes et Télécommunications, il n'en fut pas moins un grand Ministre...»
Ci-contre : M. Norbert Ségard enthousiaste lors de sa première conférence de presse le 16 janvier 1976, à Lille, en tant que nouveau Secrétaire d’État aux P et T, où il expose ses vues.
© Photographie AGIP - Coll. C. R-V.
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Sur le retard téléphonique français, M. le Secrétaire d'État aux Postes et Télécommunications Norbert Ségard déclarait en Avril 1976 :
« En décidant sur ma proposition de faire du développement des Télécommunications le premier programme d'action prioritaire du VIIe Plan, le Président de la République et le Gouvernement viennent de confirmer de façon éclatante leur volonté de doter enfin notre pays d'un téléphone pour tous au service de tous.
Ils rendent ainsi également hommage, en leur accordant toute leur confiance, à l'effort considérable entrepris depuis plusieurs années par tous les agents des Télécommunications, à leur dévouement, et aux performances qu'ils réalisent de façon quotidienne sur l'ensemble de notre territoire.
20 millions de lignes d'abonnés en 1982, 100.000 cabines publiques, une qualité de service égale à celle des meilleurs réseaux téléphoniques actuels, le développement accéléré de tous les services nouveaux, et en particulier de la téléinformatique et de la téléconférence, tels sont les objectifs très ambitieux que j'ai fixés à la Direction Générale des Télécommunications.
Les moyens qui seront mis en œuvre sont, eux aussi, considérables puisque ce sont plus de 135 milliards de francs courants de travaux qui seront lancés d'ici 1980, et plus de 90.000 emplois qui seront directement ou indirectement créés tant au sein de l'administration que dans ce secteur de notre économie durant la même période.
Si j'ajoute que du point de vue technique les Télécommunications devront faire face, avec l'introduction de la commutation électronique, à l'une des grandes mutations de leur histoire, il devient alors évident que la tâche qui leur est assignée requerra de leur part des efforts encore plus importants que ceux qu'ils ont déjà fournis jusqu'à présent.
Parfaitement conscient du fait qu'il est encore trop tôt pour crier victoire alors que tant de français attendent encore leur téléphone, je tiens cependant à réaffirmer ma conviction de voir ces objectifs atteints : les fonctionnaires PTT ont déjà démontré qu'ils étaient capables de grandes réalisations.
Aujourd'hui ils sauront conduire à son terme le plus grand programme d'investissement de notre pays. »
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Ceci étant lu, il est juste de rappeler que jusques au moins en fin 1976, les prétendants au téléphone étaient d'abord placés sur liste d'attente avant de pouvoir être mis en service au fur-et-à-mesure de la mise en service de nouveaux commutateurs ou d'extensions de capacité. Ils étaient nommés par l'administration Candidats-Abonnés, comme en témoigne cet Ordre de Travail typique de cette époque.
Terme prouvant, s'il en est, que le téléphone automatique se méritait jadis de haute lutte !
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Ci-contre : film italien de 1976, Allo... Madame, avec Corinne Cléry, aux charmes convaincants, Françoise Fabian... Préfigurant Madame Claude etc. Le téléphone reste au cœur de tous les phantasmes en 76...
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Dans les années 70', la saga du Delta LP constitue le Printemps du Téléphone... Ce printemps se manifeste alors par la multiplication des raccordements de nouveaux abonnés au téléphone.
Ci-dessus : en 1976, l'arrivée du Téléphone dans un domicile constitue toujours un événement.
Photographie X - 1976 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : M. le Secrétaire d'État au Postes et Télécommunications - Norbert Ségard interviewé par Yves Mourousi sur TF1, au Stand des Télécommunications des Tuileries, à l'occasion de l'exposition Les 100 ans du téléphone.
Photographie PTT - 5 mai 1976 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : M. le Secrétaire d’État aux Postes et Télécommunications - Norbert Ségard sur tous les fronts. Inauguration des nouveaux locaux de l'Agence Commerciale des Télécommunications du Chesnay (78) le 10 juin 1976.
Photographies PTT - 10 juin 1976 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : intérieur typique d'une Agence Commerciale des Télécommunications en 1976. Cas de la nouvelle ACTEL de Sartrouville, livrée le 23 juin 1976.
Photographie PTT - 1976 - Coll. C. R-V.
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La loi n°76-670 du 21 juillet 1976, qui porte approbation du VIIème Plan, définit un programme prioritaire pour l’amélioration de l’équipement téléphonique du pays, en dotant la France d’un réseau de télécommunications adapté aux besoins d’une nation moderne. Voir Livre 2 / Programme n°4.
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En 1977, les véhicules des télécommunications prendront également cette couleur bleue, après un court passage en couleur bleu-marine rapidement remplacée du fait de leur confusion avec les véhicules de gendarmerie. La couleur « Bleu Télécommunications » sera utilisée pendant 20 ans, jusqu’à la transformation en société anonyme en 1997 et la mise en sous-traitance, dans la foulée, du parc automobile où les couleurs utilisées seront depuis lors le blanc ou le noir.
Ci-dessus : voitures Télécommunications bleu-marine dès 1977, puis bleu-télécom peu après.
Photographie PTT - 1980 - Coll. C. R-V.
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Le Lundi 2 mai 1977, la toute première Téléboutique commerciale parisienne est ouverte et inaugurée en présence de M. le Secrétaire d’État aux Postes et Télécommunications - Norbert Ségard, au 189, Avenue Daumesnil, dans les murs du Centre Téléphonique de Paris-Diderot.
Le rôle initial des Téléboutiques selon M. le Secrétaire d’État aux P et T :
Ci-dessus : visite officielle d'inauguration de la première Téléboutique des Télécommunications dans Paris, au 189, Av. Daumesnil, dans les murs du Centre Téléphonique Diderot.
Photographies PTT - 2 mai 1977 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : une des premières Téléboutiques Mobiles en 1977, un Peugeot J7 sillonnant les routes de Seine-et-Marne...
Photographie PTT - 1977 - Coll. C. R-V.
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État des lieux téléphonique en 1977, année charnière :
En 1979, suite à l'instruction officielle (1065 cab 42) du 19 octobre 1978 de M. le Secrétaire d’État aux P et T - Norbert Ségard, de nouvelles évolutions en termes d'organisation sont mises en place sous l'impulsion de M. le Directeur Général des Télécommunications - Gérard Théry.
Sont créées 9 Délégations de Zone des Télécommunications (DZT), échelon intermédiaire entre les Directions Régionales des Télécommunications et la DGT. Cette réorganisation qui faisait doublon avec les DRT ne dure pas. Ces Délégations de Zone des Télécommunications sont supprimées par l'instruction officielle (1008 cab 6) du 1er mars 1982 de M. le Ministre des PTT - Louis Mexandeau, suite à l'alternance politique.
C'est aussi en 1979 que l’automatisation du réseau téléphonique de l’hexagone commencée en 1913 est totalement achevée après 66 années de dur labeur.
Le métier d'opératrice des télécommunications, Les demoiselles du téléphones, disparaît et les dernières agentes sont reclassées sur d'autres métiers (en général dans les CPE sur des métiers techniques ou dans des fonctions de back-office au téléphone, comme le service du 12 - les renseignements téléphoniques ou encore dans les ACTEL pour celles qui ont la fibre commerciale et un bon contact client). À noter que l’on emploie toujours le terme opératrice au féminin, alors qu’il existait aussi des opérateurs des télécommunications qui opéraient séparément en brigade de nuit, le travail de nuit étant alors interdit par l’article L213-1 du code du travail au personnel féminin jusqu’au 20 juin 1987.
Ci-dessus : une Téléboutique de province, dans une rue marchande.
Photographie PTT - circa 1978 - Coll. C. R-V.
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Ci-dessus : l'Agence Commerciale des Télécommunications en 1979, à l'époque du grand boum téléphonique.
Photographie X - 1979 - Archives CGT Centre Téléphonique Paris-Nord.
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Ci-dessus : l'Agence Commerciale des Télécommunications de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe.
Photographie PTT - 1980 - Coll. C. R-V.
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Ci-contre : bilan du développement du téléphone en France entre 1975 et 1980 et prospectives horizon 1990.
Film DGT-PTT - Fin 1980 - Coll. Orange DANP.
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En 1981, dès le mois de mai, juste après la première alternance politique historique de la Vème République, la terminologie PTT est rétablie en lieu et place des Postes et Télécommunications, y compris sur l'identité visuelle dès Septembre 1981.
Par contre, désormais, le sigle PTT signifie Postes, Télécommunications, Télédiffusion. Cette différence a toute son importance. La Télédiffusion ayant été placée sous la tutelle des P et T dès le 10 janvier 1980, avant l'alternance électorale...
Il ne s'agit donc pas, nonobstant les apparences, d'un retour aux "PTT de papa", comme beaucoup pouvaient l'accroire... Mais beaucoup le crurent...
En 1982, un an après l'alternance politique en France et l'élection de M. François Mitterrand à la Présidence de la République, M. le Ministre des PTT - Louis Mexandeau milite en 1982 pour un retour à l'orthodoxie administrative, en provoquant par le décret n° 82-636 du 21 juillet 1982 des nominations de Commissaires de la République de Département et de Région dans les affaires des Télécommunications, notamment dans les programmes d’investissements des PTT dont ils deviennent les décideurs, au détriment des Directeurs Régionaux des Télécommunications...
Cette perte manifeste d'autonomie qui renvoie la Direction Générale des Télécommunications quasiment à la situation d’avant 1941 provoque un tollé des Ingénieurs des Télécommunications. Ils s'insurgent mais doivent plier. Par ce même décret, les DOT perdent en autonomie, voire disparaissent de fait lorsqu'une DRT ne compte qu'une seule DOT. Ce retour aux sources sera cependant de courte durée.
Très-curieusement, en 2016, ce décret n°82-636, précisant l'organisation des services des P.T.T, demeure actuellement toujours en vigueur, et ce nonobstant les transformations radicales intervenues depuis du côté postal comme du côté des télécommunications...
À la fin 1982, le Réseau Commercial des Télécommunications comporte en France métropolitaine 169 Agences Commerciales des Télécommunications, ainsi que 318 Téléboutiques rattachées et 3 Téléboutiques mobiles : soit 490 points.
En 1983, nouvelle identité visuelle : le clavier téléphonique remplace le cadran à partir du 7 septembre.
Le 15 décembre 1983, M. le Ministre-délégué des PTT - Louis Mexandeau forme une commission de réflexion sur l'avenir des PTT composée de 6 membres présidée par M. Jacques Chevallier, qui doit remettre un rapport 6 mois plus tard...
En 1984, le retour aux sources administratif décidé en Juillet 1982 se brise net contre le mur des réalités mondiales et se conclut par un réveil brutal avec le démantèlement aux États-Unis de l'opérateur unique AT&T, qui tomba sous le coup de la loi fédérale antitrust... Et, le 7 juin 1984, est publié le Rapport Chevallier qui conclut à la nécessité de séparer les branches Postes et Télécommunications en deux entités distinctes, changer toute la structure considérant pour l'Administration que : "Son statut constitue pour elle un cadre excessivement rigide, qui la prive de la flexibilité nécessaire et réduit ses facultés d'adaptation".
En 1985, après ces 3 années de blocage, un rapport édité par l'Association des Ingénieurs des Télécommunications préconise un changement de statut vers celui de Société Nationale.
En outre, le décret n°85-336 du 12 mars 1985 autorise l'Administration, à la demande des abonnés, à la vente de certains matériels téléphoniques, en plus des matériels obligatoirement fournis dans l'abonnement du service téléphonique qu'il a souscrit. Cet événement constitue la première brèche dans le système de redevance par location-entretien des terminaux téléphoniques, dans l'histoire de l'Administration (avant cette date, seule la location-entretien était autorisée par le législateur).
Au mois de Mai 1985 est publié par le Ministère des PTT et préfacé par son Ministre délégué M. Louis Mexandeau, le Rapport Bilan et Perspectives 1981-1988, présentant les nombreuses réalisations accomplies et les plus nombreuses encore à venir. Il est à noter que la lecture de ce rapport kitschissime tient plus du tract électoral à l'ode de M. François Mitterrand, Président de la République.
Il convient de rappeler qu'un très tenace lobbying pro-privatisation est à l’œuvre depuis les années soixante en France, en cela téléguidé par la Communauté Économique Européenne, qui suit mot pour mot l'idéologie venue des États-Unis d'Amérique ayant abouti au démantèlement du géant AT&T en 1984. Ainsi donc, le paysage politique français de l'Assemblée Nationale est-il divisé en trois parties :
Il n'est qu'à lire ce court article paru dans Le Quotidien de Paris, le 24 octobre 1985, reprenant les propos d'un député UDF, connu depuis maintes années comme étant un des bras armés pro-privatisation, qui n'a d'ailleurs pas hésité à risquer, par ses déclarations inconséquentes, de provoquer un éventuel accident industriel majeur à la veille de la Nouvelle Numérotation Téléphonique à 8 chiffres le 25 octobre 1985 - 23 Heures, au cas où les agents des télécommunications auraient mal réagi à ses propos...
Que l'on soit Pour ou Contre ou Sans Opinion sur le démantèlement de l'Administration des Postes et Télécommunications et sa privatisation, il est aisé de constater l'incurie complète, l'irresponsabilité avérée de tenir, pour un Député de la République Française, de tels propos à la veille d'une opération majeure pour l'avenir du téléphone français.
Sur le fond de cet article, ce député, s'il donne son avis négatif sur la gestion financière du pouvoir socialiste, omet de préciser que s'il existe un déficit des PTT en 1985, c'est pour la première raison que depuis le sortir de la seconde guerre mondiale, l'Administration des PTT constitue une vache à lait que l’État ponctionne allégrement chaque année de manière discrétionnaire et pour la seconde raison qu'un surcoût d'investissement est alors nécessaire dès 1978 pour financer l'adaptation des autocommutateurs à la Nouvelle Numérotation ainsi que le remplacement accéléré des autocommutateurs téléphoniques rotatifs hors d'âge et des autocommutateurs Crossbar les plus anciens (atteints de la maladie des contacts), par de nouveaux autocommutateurs Électroniques (Spatiaux ou Temporels) coûteux dont la date butoir infranchissable est le 25 octobre 1985 à 23 heures.
Le 28 novembre 1985, une dépêche AFP annonce que "les PTT ont mis en chantier une étude portant sur la modification des structures administratives" et "une gestion différente du personnel." Elle ajoute que "le Ministre des PTT envisage de saisir les instances européennes sur ce sujet." Cette dépêche fait suite à l'ouverture dès le mois d'Octobre 1985 d'un chantier par M. le Directeur Général des Télécommunications - Jacques Dondoux, intitulé : "Projet d'entreprise".
En 1986, après une nouvelle alternance politique et le retour de la droite au gouvernement entraînant la 1ère cohabitation dès le 16 mars 1986, l'heure est à la libéralisation.
Le 20 mai 1986, au cours d'une conférence de presse, M. le Secrétaire d’État à la Poste et aux Télécommunications - Gérard Longuet déclare, dans une définition qui lui semble toute personnelle : "Je serai un défenseur du Service Public."
Au mois de Juin 1986, trois mois après son arrivée aux affaires, M. le Secrétaire d’État à la Poste et aux Télécommunications - Gérard Longuet s'adresse dans un courrier qui se veut rassurant à l'ensemble du personnel des PTT.
Dans le même temps, M. le Secrétaire d’État à la Poste et aux Télécommunications - Gérard Longuet ouvre ce qu'il dénomme des "chantiers de liberté", qui consistent, sur des périmètres bien délimités, à tester la mise en concurrence de la Direction Générale des Télécommunications par des exploitants du secteur privé qui se porteraient candidats.
Les quatre "chantiers de liberté" ouverts sont :
Le décret n°86-1064 du 29 septembre 1986 remplace par des Circonscriptions Tarifaires les Circonscriptions de Taxe téléphoniques formellement citées dans le décret n°56-823 du 14 août 1956.
La loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication (dite Loi Léotard) préfigure de grandes évolutions statutaires imminentes.
Le 7 octobre 1986, il est créé, en remplacement à la Direction Générale à la Stratégie, une Mission à la Réglementation Générale par décret n°86-1083 de M. le Président de la République - François Mitterrand.
Une marque intitulée FRANCE TELECOM est créée et enregistrée à l'INPI le 14 novembre 1986 dans le domaine des télécommunications.
Depuis le 1er décembre 1986, le poste téléphonique n'est plus obligatoirement fourni par l'administration lors d'une mise en service de ligne téléphonique.
Ci-dessus : M. le Secrétaire d'État à la Poste et aux Télécommunications - Gérard Longuet, très occupé au Téléphone depuis son arrivée aux affaires...
Photographie AFP - 21 avril 1986 - Coll. C. R-V.
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Le 10 décembre 1986, le gouvernement de cohabitation décide le remplacement de M. le Directeur Général des Télécommunications - Jacques Dondoux, souhaitant en cela solder le contentieux datant de 1981, lui même engendré par le précédent contentieux datant de 1974.
La passation de pouvoir se déroule entre les deux hommes le 12 décembre 1986.
M. Marcel Roulet est nommé Directeur Général des Télécommunications le 15 décembre 1986 par décret.
Ci-dessus : passation de pouvoir entre MM. Jacques Dondoux et Marcel Roulet.
Photographie PTT - 12 décembre 1986 - Coll. C. R-V.
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En 1987, au 1er janvier, la note de service n°114T du 8 décembre 1986 créant le Service des Grands Comptes entre en vigueur. Le but est désormais de regrouper et de gérer séparément du reste des abonnés les services de télécommunications des plus grands groupes de France : 50 groupes majeurs, 2.000 grandes entreprises et 200.000 entreprises moyennes. Cette réorganisation permet de pouvoir proposer directement des services adaptés à cette clientèle spécifique et stratégique.
Le 13 janvier 1987, moins d'un mois après sa nomination à la tête de la Direction Générale des Télécommunications, M. Marcel Roulet crée et organise un département Communication, axe qu'il considère prioritaire pour asseoir une identité de marque de l'Entreprise "Télécom" qui reste à créer et à faire connaître.
Par le décret n° 87-60 du 3 février 1987, survient tout un symbole : la Taxe de Base créée par décret du GPRF n°45-289 du 22 février 1945 devient l’Unité Télécom (UT).
Au mois d'Avril 1987, la Direction Générale des Télécommunications change son image de marque par le biais d'un nouveau logo. La marque FRANCE TELECOM est redéposée à l'INPI le 4 mai 1987. (extension de catégories vers l'informatique et l'audiovisuel).
C’est au mois de Juillet 1987 où pour la première fois, apparaît sur les factures téléphoniques bimestrielles des administrés, ainsi que sur les prospectus l’abréviation « TELECOM » à la place de la mention administrative habituelle PTT - Télécommunications. Cette identité transitoire durera jusqu’en Janvier 1988 inclus sur les documents officiels de l’Administration des Télécommunications.
Le 30 juin 1987, le Livre Vert de la Commission Européenne sur le développement du marché commun des services et équipements des télécommunications est édité (après son adoption à l'unanimité de la Commission Européenne le 11 juin 1987).
Suite à ce Livre Vert, M. le Ministre-délégué chargé des P et T - Gérard Longuet transmet le 25 août 1987 aux partenaires sociaux et à la CNCL le Texte de travail n°1 pour un avant-projet de loi sur les télécommunications, visant notamment à préparer la dissolution de l'Administration des Postes et Télécommunications.
Ci-dessus : manifestation à l'appel de la Confédération Générale du Travail - PTT dans les rues de Paris.
Photographies CGT-Orange Paris-Nord - 15 septembre 1987.
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Ci-dessus : manifestation à l'appel de la Confédération Générale du Travail - PTT dans les rues de Paris (clichés pris vers la Porte Saint-Denis).
Photographies CGT-Orange Paris-Nord - 1er octobre 1987.
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Dès le 24 septembre 1987, le décret n°87-775 crée la première brèche dans le monopole de l'Administration des P et T, en ouvrant la location à des tiers des liaisons spécialisées et de certains réseaux téléphoniques et télématiques. (chantier de liberté)
Le décret n°87-888 du 30 octobre 1987 autorise désormais l'Administration des postes et des télécommunications à vendre sans restriction au public tous types de matériels de télécommunications tels les terminaux téléphoniques.
D'ailleurs cette même année, comme en témoigne le décret n°87-898 du 31 octobre 1987, l'Administration des Postes et Télécommunications se voit soumise pour la première fois de son histoire à la TVA dès le 1er novembre 1987.
Ci-dessus : conférence de presse des instances dirigeantes des Télécommunications à l'occasion du passage à la TVA.
Photographie PTT - 1er novembre 1987 - Coll. C. R-V.
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De plus, à cette époque, l'informatisation supprime environ un tiers des postes de travail en back-office. Les personnels ainsi libérés sont affectés aux agences commerciales ou à de nouvelles fonctions (vendeurs) pour commercialiser des abonnements téléphoniques, des terminaux, des accessoires ou des fax. La première vague de libéralisation imposée par la Commission Européenne, celle des services à valeur ajoutée, ne verra jamais de concurrents se déclarer.
Ci-dessus : le 25 décembre 1987 marque le début de la campagne institutionnelle "La 4ème dimension", avec le ciel pluriel.
Visuel : Opus-Hintzy - pour l'Administration des Télécommunications - Coll. C. R-V.
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En 1988, la Direction Générale des Télécommunications se renomme France-Télécom le 1er janvier, mais conserve juridiquement son statut d'administration centrale. Tel que présenté, il s'agit alors de la création d'une marque à vocation uniquement commerciale.
Un
plan média national est alors massivement déployé dans tout le pays
basé sur des affiches, des articles de presse, des visuels TV et des
accroches radiodiffusées basés sur un leitmotiv très osé intitulé : « Entrez dans la 4e dimension.», ou encore : « La 4e dimension, vivez tout l'espace en même temps. »
Ci-dessus : campagne institutionnelle France Télécom 1988 - La 4ème Dimension - Visuel Paris-New-York -
Photographie Opus & Hintzy - Coll. C. R-V.
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Le logo de l’identité visuelle apparaît dès février-mars 1988, toujours bleu, avec un clavier téléphonique, et avec « FRANCE TELECOM » écrit en majuscules d’imprimerie.
Puis, en Mai 1988, les Agences Commerciales des Télécommunications sont renommées Agences Commerciales.
Slogan du moment : « France-Télécom, un avenir d'avance».
Après la réélection de M. François Mitterrand à la Présidence de la République, la première cohabitation prend fin. M. Paul Quilès est alors nommé le 13 mai 1988 Ministre des Postes, des Télécommunications et de l'Espace. Il s'adresse aux agents des PTT par un courrier en date du 18 mai 1988, qui se veut, lui aussi, rassurant...
À partir du 15 mai 1988, tous les payements par chèques à l'Administration des Télécommunications doivent désormais être libellés à l'ordre de France-Télécom.
Ci-dessus : vue du stand France-Télécom présent aux Internationaux de France de Tennis Roland-Garros du 23 mai au 5 juin 1988.
Photographie PTT - Mai 1988 - Coll. C. R-V.
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En 1989, après la réélection de M. le Président de la République - François Mitterrand marquant la fin de la cohabitation, M. le Ministre des Postes, des Télécommunications et de l'Espace - Paul Quilès lance le Débat Public sur la réforme des PTT, qui préfigure la Réforme des PTT de 1990. Huit mille (8.000) réunions sont organisées dans tous les services des PTT entre les agents et les supérieurs hiérarchiques. Plus d'une centaine auditions publiques. 7 colloques se tiennent à travers la France. Des projections de débats par le réseau interne des VIF sont diffusées dans plusieurs dizaines de centres. 10 millions de questionnaires sont diffusés au grand public dans les bureaux de postes et dans les agences commerciales France-Télécom, d'où l'institut de sondage SOFRES tire une étude d'opinion.
Ci-dessus : M. le Ministre des PTE - Paul Quilès, au bureau de Poste de Paris-Austerlitz, venu expliquer la réforme au personnel.
Photographie X - Archives CGT Centre Téléphonique Paris-Nord.
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Le 19 mai 1989, il est créé, en remplacement de la Mission à la Réglementation Générale, une Direction de la Réglementation Générale, par le décret n°89-327 signé par M. le Premier Ministre - Michel Rocard.
À la date du 5 juin 1989, les Agences Commerciales France-Télécom adoptent officiellement une nouvelle image extérieure, en y intégrant le nouveau logotype apparu en février-mars 1988. La société Design et Stratégie a été retenue pour cette opération.
Ci-dessus : Agence Commerciale France-Télécom de Créteil (94) dans sa nouvelle apparence.
Photographie FT - 1989 - Coll. C. R-V.
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En 1990, le 27 juin à 22H00, le projet de loi dit de « Réforme des PTT » est voté à l'Assemblée Nationale en troisième et dernière lecture.
La loi n° 90-568 du 2 juillet 1990 relative à l'organisation du service public de la poste et des télécommunications qui réforme l'administration en profondeur est promulguée.
Le Premier Ministre de l'époque, M. Michel Rocard déclarera même « La réforme des PTT est passée comme une lettre à la poste ».
Dans le même intervalle, à partir de Février 1990, débute dans l'Administration des Postes et Télécommunications la négociation devant mener à la mise en application de la réforme concernant la rénovation de la grille des classifications et des rémunérations des trois fonctions publiques mise en place par M. le Ministre d'État, Ministre de la Fonction Publique et des Réformes Administratives - Michel Durafour, décidée depuis le 13 octobre 1989.
La Réforme Durafour aboutit à la fusion de certains grades entre eux et accomplit de fait une première simplification du millefeuille administratif de grades et de corps de fonctionnaires différents préexistant aux PTT, en toilettant les textes réglementaires datant pour la plupart des années 1945 à 1975, en fusionnant dans les mêmes corps de métier certains grades (comme, par exemple par le décret n° 91-105 du 25 janvier 1991, les vérificateurs et les réviseurs des travaux des bâtiments des PTT qui deviennent Réviseurs des travaux des bâtiments de France-Télécom), élimine les grades constatés éteints et accorde au passage quelques augmentations indiciaires de traitement à certaines catégories de personnels. (voir décrets n°90-1225, 90-1227, 90-1228, 90-1229, 90-1230, 90-1231, 90-1233, 90-1234, 90-1236, 90-1237,90-1238, 90-1239, 91-11, 91-12, 91-13, 91-58, 91-70, 91-99, 91-101, 91-103, 91-105.)
Le 9 juillet 1990, un accord sur le cadre général de la réforme des classifications du personnel des PTT est signé entre MM. le Ministre des PTE - Paul Quilès, le Directeur Général de France-Télécom - Marcel Roulet, le Directeur Général de la Poste et des syndicats de personnels. Cet accord préfigure de nouveaux changements dans la gestion de carrière des personnels de France-Télécom et la liquidation de l'Administration des Postes et Télécommunications.
Ci-dessus : l'équipe signataire... (Photographie Revue Message)
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En 1991, le 1er janvier, conformément à la loi n°90-568 au 2 juillet 1990, l'Administration des Postes et Télécommunications est liquidée.
Ses biens et personnels sont séparés et répartis en deux entités principales distinctes : La Poste d'un côté et France-Télécom, tous deux Exploitants Autonomes de Droit Public, structure juridique novatrice qui permet d’employer et de recruter des fonctionnaires, recrutements qui auraient été impossibles sous la forme d’un Établissement Public Industriel et Commercial.
La loi de finances n°90-1168 supprime au 1er janvier 1991 l'existence du Budget Annexe de l'Administration des Postes et Télécommunications.
À la suite de l'entrée en vigueur de la loi n° 90-568 du 2 juillet 1990, les fonctionnaires de l'Administration des Postes et Télécommunications branche France-Télécom sont rattachés à l'Exploitant Autonome de Droit Public France-Télécom nouvellement créé.
Les véhicules de France-Télécom, ne font depuis lors plus partie des parcs automobiles des administrations publiques civiles (qui étaient immatriculés par une suite de 5 chiffres suivie de 2 lettres dont la première était la lettre D) et sont à cette date réimmatriculés dans la série normale du Fichier National des Immatriculations en vigueur entre 1950 et actuellement placé en extinction progressive depuis le 15 avril 2009.
À noter que France-Télécom n'est pas pourvue de capital social ; toutefois, l'Exploitant Autonome de Droit Public France-Télécom est immatriculé au Registre du Commerce des Sociétés le 17 janvier 1991, sous le numéro RCS Paris B 380 129 866. Voir Bulletin Bleu IDF du 12 février 1991.
À partir de cette année, les prix de vente des terminaux téléphoniques agréés ou de leur location-entretien cessent d’être fixés par arrêté ministériel.
Le matériel et les terminaux de télécommunications en location-entretien fabriqués pour France-Télécom depuis cette année ne sont plus estampillés PTT Propriété de l'État, mais désormais Propriété de France-Télécom.
Le 12 août 1991 voit également l’adoption des procédures d’assurance qualité (via audits) dans les marchés d’équipements techniques à France-Télécom.
Le 4 novembre 1991, est signée entre La Poste, France-Télécom et certains syndicats une Convention Commune La Poste - France-Télécom concernant les dispositions applicables aux salariés de droit privé des deux Exploitants Autonomes de Droit Public.
Le 5 novembre 1991, est signé le premier Contrat de Plan liant France-Télécom à l’État pour la période 1991-1994, dans le cadre du nouveau statut de l'opérateur.
En 1992, France-Télécom doit ensuite mener une nouvelle adaptation (commencée le 9 juillet 1990) via un second reclassement des personnels fonctionnaires afin de diminuer le nombre de grades dans les différents corps.
La Réforme du Reclassement consiste à nouveau à fusionner certains grades entre eux, revaloriser certains échelons et à accorder un gain d'ancienneté dans certains échelons de certains grades sont décidées par le gouvernement. Elles entraînent une légère augmentation de traitement de certaines catégories de fonctionnaires de France-Télécom, d'environ 450 francs mensuels en moyenne, mais dans certains corps ce ne sont pas toujours les grades les plus bas qui disparaissent et qui sont fusionnés vers le haut, mais l’inverse : par exemple disparition du grade d'Inspecteur Central, pour le grade subalterne d'Inspecteur, ou alors celui de Chef de section, pour le grade subalterne de Contrôleur.
Le décret n°92-382 du 30 mars 1992 modifie le code des postes et télécommunications en abrogeant les décrets fixant les prix du service des postes et télécommunications dans le régime intérieur. À compter de cette date, l'État n'est désormais plus responsable de la fixation des tarifs téléphoniques.
En outre, l’accord social du 24 juin 1992 instaure dans France-Télécom un Plan d’Épargne Entreprise et crée la Prime d'Intéressement à France-Télécom que les fonctionnaires peuvent aussi percevoir.
Ci-dessus : en 1991 et 1992, France-Télécom renforce sa notoriété de marque à l'occasion des Jeux Olympiques d'Albertville qui se déroulent en Savoie du 8 au 23 février 1992.
Photographie FT - 1991 - Coll. C. R-V.
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En 1993, le 1er janvier voit le changement d’identité visuelle de la marque France-Télécom qui conserve sa couleur bleue, qui est désormais écrite en minuscules d’imprimerie, sans accents pour marquer la dimension internationale, et avec un clavier téléphonique stylisé en losange, placé au centre du monde en mouvement. Le monde est symbolisé par deux arcs de cercle dont le mouvement assure la dynamique. (Le changement d'identité visuelle avait été au préalable présenté le 3 décembre 1992 sur France 3).
Au 1er janvier 1993, est mise en place l'Évolution de l'Organisation 1ère phase (EO1) qui change l'organisation de France-Télécom qui avait été mise en place du temps de l'Administration des Télécommunications le 14 juin 1973.
À la suite de la signature le 9 juillet 1990 de l'accord social sur le cadre général de la réforme des classifications du personnel des PTT, débute la réforme des grades, dite Réforme des Classifications, encore nommée : « Reclassification » qui prend toute son ampleur en 1993.
La Réforme des Reclassifications concerne aussi bien la Poste que France-Télécom. Les fonctionnaires de la Poste et de France-Télécom ont le choix d’intégrer cette Reclassification ou de refuser et de conserver leur grade de Reclassement, par le biais d’un questionnaire où ils ont la possibilité de cocher l’une des deux cases possibles.
À noter qu’à la Poste, les fonctionnaires qui ne renvoient pas le formulaire de choix demeurent dans leur situation antérieure, c'est-à-dire dans le Reclassement ; tandis qu'à France-Télécom l’inverse s’applique : les fonctionnaires qui ne renvoient pas leur formulaire de choix sont automatiquement basculés dans la Reclassification et ce sans que leur avis ait été formellement recueilli. De surcroît, les fonctionnaires qui choisissent par écrit de conserver leur grade de Reclassement se voient relancés régulièrement au moyen de nouveaux formulaires.
Les nouveaux grades de la Reclassification sont progressivement déployés à partir du printemps 1993 pour les cadres supérieurs et les cadres pour se poursuivre à partir de Février 1994 avec les collaborateurs et les agents jusqu'en Décembre 1994, et ce à partir de l'adoption d'une série de décrets des 25 et 26 mars 1993 qui suppriment de manière irréversible tout lien d'avec les anciens grades issus de l'Administration des PTT pour ceux qui les intègrent. (voir décrets n°93-511, 93-512, 93-514, 93-515, 93-516, 93-517, 93-518, 93-519, 93-706).
En revanche, il est à noter que concernant les hauts fonctionnaires, qui ont les premiers initié la réforme des Reclassifications, le lien avec leurs anciens grades issus des PTT n'est pas brisé : l'arrêté du 27 mars 1993 fixant l'échelonnement indiciaire des échelons des emplois supérieurs de La Poste et des emplois supérieurs de France-Télécom affectés d'indices hors échelles ne fait que modifier en ce qui concerne ces hauts fonctionnaires (au lieu de les en exclure) l'arrêté précédent du 29 août 1957 relatif aux emplois supérieurs de l'État classés hors échelles qui avait été publié au Journal Officiel le 30 août 1957.
De surcroît, alors que l'arrêté du 29 août 1957 est publié au Journal Officiel, le nouvel arrêté du 27 mars 1993 précité n'a jamais été publié au Journal Officiel, étant donné que son article 2 stipule : « Le présent arrêté prend effet au 1er janvier 1993 et ne sera pas publié au Journal Officiel de la République Française ».
Les anciens grades de Reclassement, directement dérivés des grades des PTT sont convertis en quatre classes et trois niveaux dans chaque classe (ce qui revient à un total de 11 nouveaux grades propres à La Poste et à France-Télécom : les agents I.1, I.2, I.3 ; les collaborateurs & agents de maîtrise : 2.1, 2.2 & 2.3 ; les cadres 3.1, 3.2, 3.3 ; les cadres supérieurs : 4.1 et 4.2) ; (hormis les statuts de fonction, emplois supérieurs comptant 4 grades : 4.3, 4.4, 4.5 et 4.6 qui conservent, eux seuls, leur ancien statut interministériel).
o Si un fonctionnaire Reclassé sur ces anciens grades de 1990-91 se présentait à une promotion et se voyait promu, il était automatiquement basculé dans le nouveau système de grades issu des Reclassifications de 1993, et ce jusqu'en 2004.
o Après plusieurs centaines de recours auprès du Tribunal Administratif, la publication du décret n° 2004-1300 du 26 novembre 2004 autorise à nouveau ces fonctionnaires reclassés dans les anciens grades et obtenant une promotion, d'être versés à leur choix, soit dans le nouveau système de grades issu des Reclassifications, soit de demeurer dans l'ancien système de grade de Reclassement. Cette initiative de l'État, bien que tardive, a permis d'apaiser le climat social des fonctionnaires de France-Télécom positionnés sur ces anciens grades de Reclassement et qui souhaitent demeurer dans ces corps.
Au mois de Mai 1993, les Agences Commerciales sont renommées Agences France Télécom.
La Décision n°8 du 15 avril 1993 entraîne ce même jour l'entrée en vigueur de l'accord d'Intéressement aux résultats de l'entreprise, entraînant ainsi le 20 mai 1993, le versement aux salariés et aux fonctionnaires de France-Télécom, pour la première fois, de l'Intéressement (de l’exercice 1992), suite à la signature de l’accord social du 24 juin 1992.
En 1994, dès le 1er janvier, France Télécom, exploitant autonome de droit public, se voit désormais soumis à l'impôt sur les sociétés, comme s'il s'agissait d'une Société Anonyme, ainsi qu'aux Impôts Locaux.
Instauration du Bonus Variable par Décision n°12 du 24 février 1994 de M. le Directeur Général - Charles Rozmaryn ; Bonus Variable visant à rétribuer les performances des cadres de France-Télécom, avec effet rétroactif au 1er janvier 1993.
Instauration du Complément France-Télécom par Décision n°13 du 24 février 1994 de M. le Directeur Général - Charles Rozmaryn ; il s'agit d'un complément au traitement des agents fonctionnaires qui refond le régime indemnitaire en vigueur de 26 primes différentes liées au grade, à l'affection, à la fonction. L'effet est rétroactif au 1er janvier 1993 pour les personnels déjà reclassifiés ou à la date de reclassification à venir.
Ouverture du Débat pour l'avenir du Groupe : M. le Président de France-Télécom - Marcel Roulet, est chargé dès Novembre 1993 par le Ministre de l'Industrie, des Postes et Télécommunications et du Commerce Extérieur - Gérard Longuet, d'organiser un nouveau « Débat pour l’avenir du Groupe ». En effet, France-Télécom, exploitant autonome de droit public depuis 1991 est dépourvu de capital social, ce qui le contraint à devoir payer au comptant chaque participation qu'il acquiert ; au contraire d'une Société Anonyme qui peut facilement procéder à l'échange d'actions. Le fait de ne point être doté de capital social entrave le développement de France-Télécom, notamment à l'international. Une évolution du statut de l'Exploitant semble désormais inéluctable pour les politiques et la Direction Générale de France-Télécom.
Huit émissions TV internes (Les Dossiers du Mardi) sont diffusées, animées d'ailleurs par le journaliste du Soir 3 - FR3, M. Jean-Jacques Peyraud, dont celle du mercredi 6 juillet 1994, au CNIT-La Défense, en présence de M. le Président de France-Télécom ; des débats internes sont organisés durant toute l'année 1994, dont 112 réunions à destination des cadres.
Ci-dessus, de g-à-d, 1er plan : M. le Directeur Général de France-Télécom - Charles Rozmaryn, M. le journaliste Jean-Jacques Peyraud (avec une superbe veste aux couleurs postales) et M. le Président de France-Télécom - Marcel Roulet.
Photographies FT - 6 juillet 1994 - Coll. Orange DANP.
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Dans le même laps de temps, en Février 1994, pour se préparer à la libéralisation totale du secteur des télécommunications devant intervenir le 1er janvier 1998, est lancé en interne à France-Télécom le plan CAP98 (Client-Adaptation-Performance) visant notamment à faire évoluer les processus en efficacité et en rapidité, ainsi que les mentalités en interne, dans le but d'améliorer la réactivité de l'Exploitant.
M. le Ministre du moment chargé des Télécommunications - Gérard Longuet, se déclare pour l'ouverture de France Télécom aux capitaux privés, lors du colloque qui se tient au Sénat sur l'avenir des télécommunications française qui se tient le 9 juin 1994.
Le rapport de synthèse sur l'avenir du groupe signé par M. Marcel Roulet le 1er août 1994 est rendu public le 8 décembre 1994. Il conclut à la nécessité d'un changement statutaire de l'Exploitant Autonome de Droit Public France-Télécom, tout en préconisant une méthode douce.
D'ailleurs, M. le Ministre du moment chargé des Télécommunications - José Rossi, écrit à M. le Président de France-Télécom le 27 décembre 1994 une très élogieuse lettre à l'endroit des agents de France-Télécom, et y évoque même le futur Contrat de Plan 1995-1997, sujet apaisant s'il en est...
En 1995, au mois de janvier, une nouvelle réorganisation décidée le 21 décembre 1994 par le Conseil d'Administration, dénommée EO2 pour Évolution de l'Organisation 2eme phase, restructure l'entreprise selon trois marchés (résidentiel, professionnel et entreprise) pour faire face aux besoins croissants des différents clients et à l'arrivée de la concurrence (SFR). La Branche Entreprise est réellement créée en Janvier 1996. En 2000, le marché « professionnel », créé en 1995, est supprimé et les clients reversés essentiellement dans le marché résidentiel. L'organisation est désormais conçue autour des usages des clients et non plus des produits. Les personnels sont donc réaffectés avec changement de métier.
Le 15 avril 1995, est signé entre l’État et France-Télécom l'ultime Contrat de Plan qui couvrira la période de 1995 jusqu'au 1er janvier 1998, date à laquelle la libéralisation totale du secteur des télécommunications entrera en vigueur en France.
Le 1er septembre 1995, M. le Président de France-Télécom - Marcel Roulet est brutalement remercié par décret, alors qu'il avait été reconduit dans ses fonctions le 12 juillet 1995 par le même gouvernement. Le jour même de son départ, M. Marcel Roulet laisse un message au personnel.
Après une période de flottements et d'une nomination-démission exprès de M. François Henrot le 8 septembre 1995, M. Michel Bon est nommé Président de France-Télécom, en remplacement de M. Marcel Roulet le 13 septembre 1995.
Ci-dessus : passation de pouvoirs à la Présidence - Place d'Alleray.
Photographie FT - 13 septembre 1995 - Coll. Orange DANP.
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Ci-dessus : en exemple, le Réseau d'Exploitation de la DR Paris-Sud en 1995.
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En 1996, au 1er février, est créée la Branche Entreprise qui regroupe l'ensemble des services nécessaires aux 21.000 plus grandes sociétés en France. Son effectif initial est de 15.000 personnes et réalisera un chiffre d'affaires de 40 milliards de francs la première année de sa création.
Le 15 mars 1996, M. le Premier Ministre de la République Française - Alain Juppé écrit un courrier officiel à M. le Président de France-Télécom - Michel Bon, dans lequel il déclare au paragraphe 2°) au nom de la fonction qu'il rend : «France Télécom restera une entreprise publique, sous forme de société détenue majoritairement par l'État».
Sur ce, dès le 20 mars 1996, M. le Président de France-Télécom - Michel Bon s'empresse d'adresser un courrier au personnel fonctionnaire de France-Télécom avec lequel il transmet copie du courrier du 15 mars du Premier Ministre qui nous : «apporte l'engagement solennel de l'État que vous attendiez.»
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Le 2 mai 1996, France Télécom lance son offre complète d'accès à Internet dénommée Wanadoo. (55 francs pour 3h/mois ; 110 francs pour 15h/mois - Accès via le RTC).
Ci-dessus : grande campagne d'information nationale Internet c'est @ vous dans toute la France.
Photographie FT - Mars-Avril 1998 - Coll. C. R-V.
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Au 1er septembre 1996, l'organisation mise en place en 1972 par M. le Directeur Général des Télécommunications - Louis-Joseph Libois puis généralisée en 1975 par son successeur M. Gérard Théry pour répondre au plan de rattrapage du retard téléphonique en France (le Delta LP) vole en éclats. Notamment les CPE, CCL et ACTEL sont dissous et leurs personnels sont répartis suivant leur activité principale en de nouvelles entités techniques de taille régionale.
Ces entités, toujours en vigueur actuellement pour la plupart, ont pour dénomination officielle : Unité.
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Dans la foulée, le réseau téléphonique étant arrivé à maturité, le PDG de l'époque, M. Michel Bon, lance le plan baptisé : Delta Minutes, plan visant alors à mobiliser tous les acteurs de l'entreprise pour mener à un accroissement de la durée de chaque communication téléphonique, afin d'augmenter le chiffre d'affaires global et les marges bénéficiaires.
Nouvelle politique mise en place d'une part parce que le parc de lignes téléphoniques fixes était parvenu à son plus haut si bien qu'il ne pouvait plus s'accroître par rapport à la population française, tout en contrevenant totalement avec la politique précédente qui préexistait tant que dura la pénurie dans les installations de commutation, époque où l'Administration des PTT encourageait alors les usagers à n'utiliser le téléphone que pour les appels importants et sérieux, tout en demandant à ces mêmes usagers de se montrer les plus brefs possibles, afin de libérer au plus vite les circuits téléphoniques commutés pour les autres usagers qui attendaient la tonalité et la libération des circuits d'acheminement urbains et surtout interurbains...
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Il est instauré à partir de la promulgation de la loi n° 96-660 du 26 juillet 1996, un Congé de Fin de Carrière, une sorte de préretraite, réservé aux fonctionnaires de France-Télécom âgés d'au moins 55 ans, avec départ obligatoire à 60 ans en cas d'entrée dans ce dispositif facultatif avant le 31 décembre 2006, date limite de rigueur. Ce dispositif a permis de diminuer rapidement les effectifs en rajeunissant la moyenne d'âge, par le départ d'une population restée marquée par le démantèlement de l'Administration. En retour, ce dispositif a entraîné une perte des connaissances et d'expériences sur certaines spécialités techniques par les départs massifs qu'il a occasionnés.
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Création par décret n°96-1138 du 23 décembre 1996 de l'Autorité de Régulation des Télécommunications, en tant qu'autorité administrative juridiquement indépendante, comme en témoigne son article 1er qui stipule :"Art. D. 97-4. - L'Autorité de Régulation des Télécommunications adopte son règlement intérieur, qui fixe notamment les modalités de délibération ainsi que les règles de procédure applicables devant elle."
Le leitmotiv publicitaire lancé en Décembre 1996 est alors : « Nous allons vous faire aimer l’an 2000 ».
En 1997, au 1er janvier, l'Exploitant Autonome de Droit Public France-Télécom est transformé en Entreprise Nationale France-Télécom, sous statut juridique de Société Anonyme, par la loi n° 96-660 du 26 juillet 1996.
Le personnel fonctionnaire conserve son statut à titre individuel dont le droit à avancement et promotion, mais les recrutements par concours externes cessent définitivement, alors que l'article 5 de la loi n° 96-660 du 26 juillet 1996 autorisait à titre transitoire le recrutement externes de fonctionnaires jusques au 1er janvier 2002... Promesse pourtant légale qui ne fut en fait jamais mise en application...
Le 9 janvier 1997, un accord social qui accompagne la transition de France-Télécom vers le statut de Société Anonyme est signé entre la Direction et certaines Organisations Syndicales...
Ci-dessus : signature de l'Accord Social FTSA le 9 janvier 1997 entre la Direction et certaines Organisations Syndicales, avec cette question capitale : « C’est où qu’on signe ? ».
Photographie France-Télécom.
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Le 30 janvier 1997, France-Télécom se dote d'un Intranet accessible à tous les personnels de la S.A. Il est baptisé INTRANOO.
Le 13 janvier 1997, le Gouvernement Juppé autorise, par le décret n°97-13, le transfert au secteur privé d’une participation minoritaire de l’État, du capital de l’entreprise nationale France-Télécom.
Le 18 mars 1997, M. Lionel Jospin déclare au journal Les Échos parlant de France-Télécom : « c'est la seule entreprise que nous renationaliserons ».
Le 19 mars 1997, l'Ouverture du Capital est alors programmée comme suit :
Mais en raison de la dissolution de l'Assemblée Nationale survenue le 21 avril 1997, le calendrier n'est plus tenable en période électorale.
Le 22 avril 1997, l'ouverture du Capital de France-Télécom est alors repoussée une première fois, de 4 semaines. Le nouveau calendrier envisagé est :
Le 2 juin 1997, suite à la dissolution de l'Assemblée Nationale prononcée par décret du 21 avril 1997 et à la seconde cohabitation qui en découle, le Ministère des Postes et Télécommunications est supprimé.
Le 2 juin 1997, l'opération d'Ouverture du Capital de France Télécom est suspendue momentanément par le Gouvernement Jospin.
Le 17 juillet 1997, M. Michel Delebarre est chargé par M. le Premier Ministre - Lionel Jospin d'une mission de concertation dans France-Télécom.
Le 5 septembre 1997, M. Michel Delebarre rend ses conclusions sous forme d'un rapport : il recommande une ouverture du capital n'excédant pas le seuil de 33% du capital.
Le 8 septembre 1997, M. le Ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie - Dominique Strauss-Kahn annonce la reprise de l'opération Ouverture du Capital, tout en affirmant que l'État restera, citons : "largement majoritaire".
Le 22 septembre 1997, l'opération d'Ouverture du Capital est lancée. La fourchette de prix de l'action est annoncée.
Du 23 septembre au 6 octobre 1997, période de réservation pour les particuliers (Souscription).
Du 7 octobre au 14 octobre 1997, période de l'Offre à Prix Ferme (Achat).
Le 17 octobre 2017, fin de la période de souscription pour le personnel de France-Télécom.
Le 20 octobre 1997 est le jour de l’Ouverture du Capital. Une part alors minoritaire du capital par actions de France-Télécom (23%) est ce jour cotée à la bourse de Paris, ainsi qu'à celle de New-York.
Il est à noter qu’initialement cette opération boursière que le législateur prit soin de ne pas nommer « privatisation » était prévue le 5 mai 1997 par un gouvernement de droite, puis fut repoussée en raison de la dissolution de l’Assemblée Nationale intervenue le 21 avril 1997 et des élections législatives qui suivirent et du changement de majorité qui intervint, puis reprise et exécutée de manière identique par le gouvernement de gauche quelques mois après son retour aux affaires…
3,9 millions de français achètent des actions France-Télécom. Le cours d’introduction de l’action à 182 francs grimpe dès le premier jour à 215 francs. M. le Président de France-Télécom, Michel Bon déclarera : « Je crois que ce succès d’aujourd’hui c’est au personnel que nous le devons. C’est lui qui a fait que France-Télécom soit si apprécié aujourd’hui ».
Le 19 novembre 1997, il est créé le Club France Télécom, grand public et non élitiste, à destination des actionnaires minoritaires, dont l'adhésion est gratuite.
Ci-dessus : M. Michel Bon, à Lyon le 24 septembre 1997, en meeting Ouverture du Capital de France Télécom.
Photographie Fayolle/Sipa Press - 24 septembre 1997 - Coll. C. R-V.
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En 1998, au 1er janvier 1998, la loi n° 96-659 du 26 juillet 1996 relative à la réglementation des télécommunications entre en application et produit son principal effet : la libéralisation complète du marché européen des télécommunications, décidée par le Conseil des Ministres Européens le 16 juin 1993, entre alors en vigueur.
1998 est également l'année de l'arrivée de l'intranet au sein de l'entreprise, ainsi que l'explosion d'internet, des offres et des opérateurs concurrents dans ce domaine. France-Télécom fonde Wanadoo et rachète plus d'une centaine de sociétés technologiques.
En Mai 1998, versement aux salariés et aux fonctionnaires de France-Télécom, pour la première fois, de la Participation aux résultats de l’entreprise (de l’exercice 1997), suite à la transformation de France-Télécom en société anonyme.
Dans l'année, les Directions Régionales sont fusionnées à partir de 2 à 3 Directions Régionales initiales (par exemple, naît le 20 avril 1998 (DC n°6/98 BGP) la Direction Régionale de Paris, issue de la fusion de la Direction Régionale de Paris Nord avec la Direction Régionale de Paris Sud) et les deux à trois mille personnes en doublon qui y travaillaient avant ces fusions sont reversées dans des Organismes Nationaux de Soutien (ONS). Au début des années 2000, la quasi-totalité de ces ONS est ensuite supprimée.
En 1999, le 5 mai, comme une prémonition et avec 3 années d'avance, le syndicat CGT-FAPT inaugure dans le XVIème arrondissement de Paris, "L'impasse Michel Bon"...
Le 3 novembre 1999, France Télécom commercialise la première offre complète d'accès à Internet par ADSL, la nouvelle technologie haut-débit par le réseau cuivre, développée par le CNET.
En 2000, le 1er mars, l’identité visuelle est repensée. Le clavier téléphonique disparaît au profit d’un nouveau symbole : l’esperluette (&) ; la couleur bleue, jugée trop institutionnelle depuis la libéralisation totale des télécommunications ainsi que l’ouverture du capital de France-Télécom en S.A est remplacée en presque totalité par les couleurs vermillon et orange. Les Agences France Télécom sont renommées Agences.
Le 29 mai 2000, France-Télécom rachète le très dynamique opérateur de téléphonie mobile britannique Orange fondé par l’allemand Mr Hans Snook pour 283 milliards de francs, soit 43,2 milliards d’euros, dans le but d’accélérer son déploiement et sa notoriété à l’international et devient ainsi le second opérateur en téléphonie mobile d’Europe.
Le 12 septembre 2000, le décret n° 2000-881 impose le dégroupage de la boucle locale pour le 1er janvier 2001.
Par arrêté du 12 octobre 2000 (NOR : MEST0011391A), est étendue en France la Convention Collective Nationale des Télécommunications (en élaboration depuis le 2 décembre 1998 et amendée le 18 février 1999 puis signée le 26 avril 2000), qui concerne toutes les entreprises de télécommunications signataires employant des salariés de droit privé, dont France-Télécom et Cégétel membres fondateurs de l'UNETEL (Union Nationale des Entreprises de Télécommunications) depuis le 2 février 1998.
L'année 2000 voit la création des Centres de Service des Ressources Humaines (CSRH) chargés de gérer à distance les dossiers de personnel des agents et salariés, en lieu et place des anciens Bureaux des Ressources Humaines locaux, eux mêmes créés à partir des anciens Bureaux d'Ordre disparus depuis le 1er janvier 1991.
En 2001, le 11 mai, France-Télécom dénonce la Convention Commune La Poste - France-Télécom datant du 4 novembre 1991 qui concerne les salariés de droit privé dans le but d'adhérer à la Convention Collective Nationale des Télécommunications. (Cette convention commune continue toutefois de s'appliquer à La Poste)
Le 21 juin 2011 marque le lancement officiel de la marque commerciale internationale ORANGE, en France. Simplicité, Transparence, Dynamisme, Modernité et Proximité sont la devise de la nouvelle marque. Au départ, il s'agit de fusionner la Radiotéléphonie mobile de France-Télécom sous la marque Orange.
En 2002, le 1er janvier, entre en vigueur la concurrence sur le téléphone local. À cette date, l’ouverture totale à la concurrence de toutes les catégories du trafic téléphonique devient une réalité. Les Zones Locales de Tri (ZLT) créées en 1998 sont abolies, le législateur considérant ce délai suffisant pour ces opérateurs tiers de déployer leurs propres structures.
Puis, suite à l'éclatement de la bulle internet dont l'apogée fut atteint en Mars 2000, France Télécom, surendettée à hauteur de 70 milliards d'euros, ayant perdu de surcroît une vingtaine de milliards d'euros en investissements hasardeux (tel Mobilcom) se retrouve à court de liquidités. La confiance avec les marchés financiers est rompue, le prix de l'action s'effondre en perdant 95% de sa valeur, les banquiers s'affolent ; la crédibilité de l'équipe dirigeante est gravement compromise...
Pour les personnels de Orange, un récit de souvenirs authentiques de cette période est accessible par le Réseau Social d'Entreprise Plazza :
Le 7 octobre 2002, 20 heures, le tout nouveau Président Directeur Général de France-Télécom fraîchement nommé, M. Thierry Breton, écrit par courriel à tout le personnel en des termes d’une extrême gravité pour exposer la situation de l’entreprise, à propos de : « l’étau financier dans lequel se trouve France-Télécom », suite à l’effondrement de la bulle Internet et de l’endettement abyssal acquis de 75 milliards d’euros, record mondial, semble-t-il.
Ainsi, France-Télécom S.A se retrouve-t-elle en état virtuel de faillite mais en trompe-l’œil et voici pourquoi :
Le 10 octobre 2002, M. le Président de France-Télécom - Thierry Breton lance "l’État des Lieux" - un audit complet de France-Télécom.
Ce très-pénible redressement de France-Télécom prendra lieu dans la douleur via des successions de restructurations continues qui commenceront par le plan Ambition FT 2005 présenté par M. Thierry Breton le 5 décembre 2002 puis de son volet opérationnel, le Programme TOP (Total Operational Performance), lancé le 1er janvier 2003.
En 2003, les agences sont divisées en deux spécialités : agences spécialisées dans la vente à distance d'une part et agences spécialisées en vente physique d'autre part. Les tailles géographiques doublent aussi (et le nombre d'agences est divisé par deux).
Le 13 février 2003, la Convention Collective Nationale des Télécommunications, s'appliquant aux salariés de droit privé, entre en vigueur à France-Télécom après signature d'un accord social de transposition.
C’est à partir du 17 février 2003 qu’une succession ininterrompue pendant une grosse année de multiples plans d’économies drastiques seront régulièrement mis en application par la nouvelle équipe (qualifiée ultérieurement dans la presse de « direction commando » dans l’Express du 1er janvier 2004), dans toutes les branches, toutes les entités, toutes les directions et tous les services de France Télécom. 100 chantiers estampillés «Programme TOP» sont ainsi identifiés et engagés à marche forcée, par un Directeur Exécutif de la Division Programme TOP nommé à cet effet, un certain Jean-Paul Cottet.
Ainsi, le Programme TOP (Total Operational Performance) est-il lancé à partir du 1er janvier 2003. Il s’agit en résumé de plans de réductions massives d’investissements (ou de retardement, voire parfois de réorientation) à tous les niveaux, dans tous les corps de métiers, dans toutes les directions ; compression des prix d’achats aux équipementiers à la baisse, réduction du nombre de fournisseurs ; restructuration des filiales et des branches, directions et service.
Avec le Programme TOP en DR lancé à la rentrée 2003, la Direction Générale de France Télécom oblige même la mise en concurrence des personnels sur leur productivité personnelle (consistant en un très humiliant affichage public dans chaque service de la Performance Individuelle Comparée (PIC) sous forme de tableaux, où chaque agent a sa courbe, sa couleur etc… Qui aura pour conséquence de générer un très mauvais climat dans les équipes… Et de pousser les agents à moins travailler, étant donné qu’il était exigé que la productivité augmentât chaque mois, mais qu’il fallait d’abord préserver ses propres forces vitales pour tenir un mois de plus, mois après mois, dans une telle situation…)
Parmi ces innombrables plans regroupant cette centaine de chantiers, nous avons pu retrouver trace des programmes TOP ci-dessous (chaque date correspond à chaque communiqué interne AFT mentionnant pour la première fois chaque programme TOP) :
En vue du passage du capital détenu par l’État sous la barre des 50%, la loi n°2003-1365 du 31 décembre 2003 procède aux ajustements nécessaires concernant le statut de la société anonyme France-Télécom, les obligations de service public des télécommunications et les conditions d’emploi des fonctionnaires de France-Télécom fixant notamment le maintien des effectifs statutaires de fonctionnaires dans la société anonyme France-Télécom et les attributions ainsi que la répartition du pouvoir de gestion de ces fonctionnaires (nouvel Art. 29-2 de la loi n°90-568 créé)
En 2004, le 1er mars, un symbole excessif semble même atteint avec le plan TOP Communication. En effet, pour tenter de faire quelques économies sur des royalties, la Direction de la Communication cesse de republier en interne la revue de presse quotidienne intégrale des articles de presse/radio/TV traitant de France-Télécom et du secteur ; mais se limite désormais à seulement une sélection réduite de quelques articles, qui de ce fait ne reflète plus fidèlement la réalité… Le Président de France-Télécom - M. Thierry Breton (qui voulait qu'on l'appelât Monsieur le Président) donne alors instruction le 1er avril 2004 de republier l’intégralité de la revue de presse journalière à partir du 2 avril 2004… Tout en donnant instruction de réaliser l’économie budgétaire équivalente sur d’autres postes de dépenses !
Le décret n°2004-738 du 26 juillet 2004 assouplit les conditions de transfert des fonctionnaires de France-Télécom volontaires vers d'autres administrations et ce, jusqu'au 31 décembre 2009.
Le 1er septembre 2004, la part de l'État au capital descend sous la barre des 50%. Pour cette raison, le Président de France-Télécom ne peut plus être nommé ou révoqué par décret. Il le sera désormais par délibération du Conseil d'Administration de France-Télécom réuni en assemblée générale.
En Novembre 2004, survient le cas symptomatique et emblématique de Mme la Directrice Régionale Aquitaine - Martine Chopin, qui est brutalement remerciée à la suite de malheureux incidents techniques survenus durant la retransmission dans un salon VIP, d'un match de football PSG-Bordeaux le 13 novembre 2004 via la technologie ADSL MaLigne TV alors balbutiante...
En 2005, au mois de février, les Agences France-Télécom disparaissent des documents contractuels. Désormais, les points de vente et de service physique à la clientèle deviennent des boutiques.
Le 27 février 2005, M. le Président Directeur Général de France-Télécom - Didier Lombard, nommé ce jour, annonce le futur plan à venir "FT Ambition 2008". (renommé plan NExT peu après le 14 avril 2005).
Le 3 mars 2005, après appel à candidatures, France-Télécom est désigné par 3 arrêtés ministériels comme Opérateur de Service Universel, concernant :
Ceci est l’adaptation en droit français d’une Directive européenne de 2002 n° 2002/22/CE qui impose désormais que l’Opérateur du Service Universel soit dorénavant choisi après procédure d’appel à candidatures. De 1997 jusqu'à ce jour, l’opérateur historique, donc France-Télécom, était systématiquement désigné Opérateur chargé du Service Universel par le code des Postes et Télécommunications.
Puis, le Code des Postes et Télécommunications est renommé Code des Postes et des Communications Électroniques par décret n°2005-422 du 4 mai 2005. La raison invoquée de ce changement de dénomination est que les communications électroniques englobent désormais les télécommunications ainsi que les communications par courriels via internet ainsi que les nouveaux usages de transmissions de fichiers qui se généralisent auprès de tous les publics.
En outre, la loi n° 2005-516 du 20 mai 2005 relative à la régulation des activités postales étend les compétences de l'Autorité de Régulation des Télécommunications au secteur postal, et la renomme par la même occasion Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes.
Le 29 juin 2005 est annoncée, par Communiqué de Presse officiel, la mise en place du plan NExT, (Nouvelle EXpérience des Télécommunications) un programme de transformation sur trois ans qui vise à faire de France-Télécom l’opérateur de référence des nouveaux services de télécoms en Europe... Ce plan, conçu par M. Thierry Breton (il applique la même recette partout où il passe) juste avant sont départ précipité qui a laissé le personnel coi, est accompagné de son volet RH nommé ACT pour (Anticipation et Compétence pour la Transformation).
À partir du 4 mars 2009, les plans NExT et ACT sont prorogés de trois ans sous une nouvelle dénomination : Orange 2012, et seront à l'origine de la plus grosse crise sociale et sanitaire à laquelle France-Télécom et les agents y affectés et ses salariés seront confrontés. Une enquête judiciaire visant à définir les responsabilités et les culpabilités éventuelles, ouverte en avril 2010, est close depuis le 30 décembre 2014. Le procès est en cours.
En Octobre 2005, l’attribution de la Médaille d’Honneur des Postes et des Télécommunications est entièrement refondue. Tous les décrets, arrêtés, circulaires précédents qui s’étaient cumulés depuis sa création en 1882 sont abrogés et remplacés par le décret n°2005-1261 du 3 octobre 2005 actuellement en vigueur, accessible par le lien ci-dessous :
En 2006, le 14 février, tôt le matin, M. le Président Directeur Général - Didier Lombard, flanqué d'un nouveau Directeur Financier, annonce en surprise sous forme de conférence de presse (sans même en avoir référé au préalable au Conseil d'Administration) 22.000 suppressions d'emplois en 3 ans, dont 1.000 à l'étranger, pour 6.000 recrutements, soit un solde négatif de 17.000 emplois sur le Groupe France Télécom, dont 16.000 rien que pour la France. Dans les services, c'est le choc, d'autant que 11.000 départs avaient déjà eu lieu en 2003, 14.500 en 2004 et 8.000 en 2005, en ayant siphonné la majeure partie des candidats au départ par anticipation, au moyen du Congé de Fin de Carrière créé en 1996.
Après annonce le 31 mars 2006, les 30 Directions Régionales sont réduites à la relation institutionnelle régionale dès le mois de juin avec un effectif divisé approximativement par dix. Le pouvoir d'organisation de l'activité opérationnelle de l'entreprise est transféré à 11 Directions Territoriales nouvellement créées et de plus grande taille. Il y a donc quasiment trois fois moins de Directions Territoriales que de Directions Régionales. La taille des établissements gérés par les DT atteint désormais couramment mille personnes.
Le 1er juin 2006, la marque commerciale France-Télécom est renommée Orange. La marque Wanadoo, l'Internet par France-Télécom, est renommée Orange, ainsi que la marque MaLigne TV. Equant et toutes les sociétés de services aux entreprises du groupe passent sous pavillon Orange Business Service. Les autres marques du groupe France-Télécom suivront les unes après les autres. Il est alors décidé de se transformer en opérateur intégré, sous pavillon Orange. L’identité visuelle évolue également : la couleur bleue disparaît totalement, remplacée par le noir.
En 2007, le 19 septembre, la Direction de France Télécom réagit aux premières constatations publiées par un Observatoire du Stress et des Mobilités Forcées à France Télécom nouvellement créé le 20 juin 2007 par deux syndicats de personnels.
En 2009, la Machinerie-Lombard se grippe brutalement.
Dossier France-Télécom :
En 2010, la moyenne d'âge est de 48 ans et la moitié des salariés Français doit partir en retraite d'ici 2018. L'accord social du 26 novembre 2009 fait l'objet d'un premier avenant le 4 juin 2010 ainsi que d'un second avenant le 23 décembre 2010 afin de le rendre sensiblement plus attrayant. Ainsi, le TPS mis en place commence à rencontrer une certaine adhésion auprès des plus de 54 ans à partir de 2011. Son succès va croissant.
Dossier France Télécom :
En 2011, au mois de septembre, les onze Directions Territoriales sont renommées Direction Orange, dans le but de préparer progressivement les esprits au changement de dénomination à venir de la société France-Télécom en Orange dans son entier.
En 2012, le 9 février, ce sont enfin les services de la téléphonie fixe France-Télécom en France qui sont renommés sous la marque commerciale Orange : La Ligne Fixe France Télécom devient La Ligne Fixe Orange. À cette date, tous les produits et services vendus en France et dans le monde du Groupe France-Télécom sont désormais commercialisés sous la marque Orange.
La chronologie des événements à partir du 4 juillet 2012, date de la mise en examen de M. Didier Lombard est désormais accessible sur la page dédiée :
Pour la fin de l'année 2012, en marquant sa volonté de se tourner vers le futur, notre récent Président Directeur Général - Stéphane Richard peut afficher sa satisfaction dans son message adressé au personnel.
En 2013, le 1er juillet, suite à l'approbation du Conseil d'Administration de France-Télécom réuni en assemblée générale le 28 mai 2013, la Société Anonyme France-Télécom change de raison sociale et devient Orange S.A. Le logo Orange, créé en 1994 et qui se généralise depuis par étape au sein du groupe France-Télécom se substitue en totalité à l’identité visuelle de France-Télécom à cette date.
En 2015, l’identité visuelle évolue. Le logo Orange ne change pas, mais il se transforme et s'adapte en s'ajourant en fonction des différents domaines commerciaux ciblés.
Évolution de l'identité synchronisée sur le plan de développement stratégique "Essentiels2020" présenté le 17 mars 2015, jusques en ... 2020 ?
Le 6 août 2015, le service universel relatif à la publiphonie est abrogé par l'article 129 de la loi n°2015-990, dite loi Macron.
En 2016, une sommité dans le monde des télécommunications, M. Gérard Théry, ancien Directeur Général des Télécommunications de 1974 à 1981, organisateur hors pair, fait paraître dans la Revue de l’Électricité et de l'Électronique son analyse de la situation actuelle et de ces 20 dernières années, depuis la prétendue libéralisation du secteur des télécommunications.
Nous laissons à l'appréciation du lecteur l'analyse circonstanciée de M. le DGT honoraire Gérard Théry sans concession et posons une seule question : comment en sommes-nous arrivés à ce point ?
En 2017, le 27 novembre, l'arrêté NOR : ECOI1730948A portant désignation de l’opérateur chargé de fournir les prestations « raccordement» et « service téléphonique» de la composante du service universel prévue au 1o de l’article L. 35-1 du code des postes et des communications électroniques proroge l'attribution du Service Universel au groupe Orange pour une durée de 3 ans supplémentaires.
En 2019, le 1er avril, le nombre de Directions Orange (DO) passe de 11 à 7 dans une restructuration baptisée par Orange : Ancrage Territorial.
À l'issue de cette restructuration la métropole est divisée en 5 Directions Orange (DO).
En 2020, au 27 novembre, l'arrêté NOR : ECOI1730948A portant désignation de l’opérateur chargé de fournir les prestations « raccordement » et « service téléphonique » de la composante du service universel prévue au 1o de l’article L. 35-1 du code des postes et des communications électroniques échoit au bout des 3 ans.
Pourtant, le 10 décembre 2020, l'ARCEP intervient par sa Décision n° 2020-1433 et attribue au Groupe Orange une indemnité provisionnelle d'environ 2,5 millions d'euros, payable par les autres opérateurs, au titre du financement du service universel des communications électroniques pour l’année 2021, se basant notamment sur le décret du 27 novembre 2017 pourtant périmé depuis le 27 novembre 2020...
Le Service Universel, évoqué dans une Décision du 10 décembre 2020 elle-même basée sur un Arrêté ministériel périmé depuis le 27 novembre 2020 existe-il encore ?
En 2021, le 18 mai, le siège social du Groupe Orange est transféré dans le nouvel ensemble immobilier au 111, quai du Président Roosevelt, 92130 Issy-les-Moulineaux.
Histoire des Télécommunications Françaises © Claude Rizzo-Vignaud, 18 novembre 2022.